Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors, si M. Margiotta était si peu certain que cela de l’existence de Miss Diana Vaughan, pourquoi lui écrivait-il à l’effet de lui demander quelques billets de mille francs pour reconstruire son superbe hôtel de Palmi, détruit par les tremblements de terre de Calabre ?

Si M. Margiotta tenait Miss Vaughan pour un mythe, pourquoi écrivait-il, — et ceci a été écrit de sa main, — que la seule vue de cette personne « met dans le cœur un sentiment de poésie délicate » (sic), compliment d’amoureux transi qui équivaut à une déclaration ?

Si, aux yeux de M. Margiotta, Miss Diana Vaughan n’a jamais existé, pourquoi, sa trop ardente flamme ayant été accueillie par le plus froid dédain, pourquoi a-t-il été irrité de dépit au point de se vanter de l’avoir possédée, cherchant à la ruiner dans l’estime de ses amis, après l’avoir couverte de fleurs ?

Si M. Margiotta n’a attesté l’existence de Miss Diana Vaughan que pour obéir à M. Léo Taxil, comme il le prétend aujourd’hui, si c’est contre sa propre conviction qu’il écrivait ce qu’il dit lui avoir été dicté par son tyrannique complice, pourquoi, le 15 juin 1896, dans une lettre pleine de menaces et d’injures, écrivait-il à ce même prétendu complice : « Oui, Monsieur Taxil, je soutiens que votre amie Diana Vaughan, dont on a publié les portraits, ne ressemble aucunement à la Diana Vaughan que j’ai connue à Naples et que la Diana Vaughan que j’aie connue à Naples sache que je ne suis pas flatté du tout d’avoir été son ami ! » Cette lettre où il traite M. Léo Taxil d’imposteur et de tâche, tout en affirmant par deux fois, avec énergie connaître une Miss Diana Vaughan, cette lettre d’outrages, M. Margiotta dira-t-il que c’est M. Taxil qui la lui a dictée ?

Et quand, par la production de la correspondance même de M. Margiotta, autographiée, la preuve a été faite publiquement qu’il n’y avait pas deux Diana Vaughan, mais une seule, M. Margiotta, comprenant qu’il s’était porté tort à lui-même en essayant sa peu chrétienne propagation de fables absurdes, faisait des excuses dans une lettre du 14 août 1896, où il écrivait entre autres choses :

« Mademoiselle, ayons Dieu toujours présent, et laissons là les contestations et les plaintes. J’en finis, en reconnaissant mon erreur : errare humanum est, et je vois en vous la vraie Diana Vaughan, l’ex-grande maîtresse luciférienne, l’ex-directrice du Palladium Régénéré et Libre. Tout le trouble était arrivé par un portrait peu ressemblant ; je me croyais mystifié… j’ai provoqué la tempête pour avoir le cœur net… Par Jeanne d’Arc que vous aimez tant, oublions réciproquement les injures, et marchons la main dans la main pour accomplir notre sainte mission. Maintenant que je suis rassuré sur votre compte, je vous serre la main comme auparavant, et suis votre frère en Jésus-Christ. »

La lettre portait en post-scriptum :

« Par le même courrier, j’écris à M. Taxil, qui a raison d’être fâché. »

Ces excuses étaient trop incomplètes pour pouvoir être acceptées. Il ne demandait pas pardon, en effet, pour ses calomnies les plus douloureuses à une femme ; se lettre n’y faisait aucune allusion, et cependant il savait bien que, sur ce point comme sur le reste, il avait menti. Il ne reçut donc pas de réponse.

La trahison du docteur Bataille lui a appris que les portes de la secte pouvaient se rouvrir, pour lui aussi. Et, dans l’espoir de la forte somme, il va plus loin même que le docteur. C’est en cela qu’il est ridicule et maladroit. Qui veut trop prouver ne prouve rien ; qui veut trop nier… confirme !