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alimenté ni favorisé par moi en aucune façon, n’en étant responsable à aucun degré, je n’ai pas à en subir les conséquences. J’ai cru faire mon devoir, et je l’ai accompli tranquillement, modestement ; des voix autorisées m’ont encouragée, cela me suffit.

J’ai interrompu aujourd’hui la publication de mes Mémoires pour m’expliquer je la reprendrai tout de suite, et mes amis auront les dix fascicules auxquels ils ont droit. Après quoi, l’on n’entendra plus parler de moi, à moins que Rome ne me dise : Continuez. De même, je suis prête à me taire après le verdict de la Commission romaine, si le Saint-Père me dit formellement  : Cessez.

Un bon religieux de Rome écrivait ces jours-ci à un de mes amis, qui m’a communiqué sa lettre : « Quinze jours après la conversion de M. Solutore Zola, les maçons d’Allemagne ont inventé que ce prétendu Zola n’existait pas, et ils le répètent aujourd’hui plus fort que jamais. Or, tous les membres du Conseil directif général de l’Union antimaçonnique de Rome, un grand nombre de Prélats, de Cardinaux, notamment les Cardinaux Parocchi et Macchi, ont vu et reçu M. Zola. Sa Sainteté elle-même lui a accordé une audience de plus d’une heure, dont tous les journaux catholiques ont parlé, et à cette audience assistait Mgr Gennari, assistant du Saint-Office, qui avait amené M. Zola dans une des voitures du Vatican. Quand la secte donne le mot d’ordre de nier l’existence d’un converti, aucun témoignage n’arrête ses négations intéressées. En même temps qu’elle faisait nier l’existence de M. Zola, la Maçonnerie lui envoyait son billet de condamnation à mort, à la date du 7 mai dernier. Ce billet, nous l’avons vu de nos propres yeux, avec son enveloppe symbolique, et nous en conservons le fac-similé ? »

Méditez et concluez.

Diana Vaughan

P.-S. — À la question : « Miss Diana Vaughan existe-t-elle ? » Le docteur Bataille n’a pas répondu : « Non. » Sa navrante trahison ne va pas jusque-là, et ceci donne espoir à ceux qui prient pour lui, se rappelant combien il fut bon.

M. Margiotta, lui revient à la charge depuis quelques jours : il a donc offert de nouveau ses services à la secte, et cette fois, selon toute probabilité, ils ont été acceptés. À son tour, il se proclame faux témoin. Qui ne voit pas que tout ceci est le résultat d’un mot d’ordre a les yeux volontairement fermés.

Mais la secte va trop loin ; elle a fait un pas de clerc en se servant de M. Margiotta. Le malheureux nie avec une ridicule maladresse : il est vrai que plus maladroits et plus ridicules encore sont les journaux qui recueillent comme paroles d’Évangile les contes bleus d’un homme disant avec cynisme, avec forfanterie : « Je viens de passer trois années entières à mentir ; j’ai juré que j’avais connu Miss Diana Vaughan en 1889 à Naples ; je me suis donné pour un converti sincère, et je me montrais pieux, me confessant et communiant. Eh bien, je mentais. Je n’avais jamais vu Miss Vaughan, je ne la connaissais en aucune façon. Une dame m’avait dit l’avoir vue ; je n’en avais rien cru, parce que j’avais pris cette dame en flagrant délit de mensonge, au moment même où elle me disait cela : mais j’étais lié par un traité, il me fallait mentir comme les autres, et j’ai menti pendant trois ans, menti à la face du monde. Oui, durant trois années, j’ai été faux témoin. Maintenant, croyez-moi ! c’est à présent que je dis la vérité ! Miss Diana Vaughan n’existe pas, c’est un mythe inventé par M. Léo Taxil, mon complice, que je dénonce à votre indignation ! »