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Commission romaine, après avoir apprécié, pourra dire si j’ai été intéressée ou non. Le vacarme de ces temps-ci a été contre moi, contre mes amis, et non pour moi ; par bonheur, ma retraite n’en a eu aucun écho.

Je remercie tout particulièrement M. le chanoine Mustel, qui ne s’est pas borné à me défendre, mais qui, avec le courage d’un grand cœur, a défendu l’homme le plus attaqué en cette circonstance, celui à qui la secte ne pardonne pas onze années de combats sans trêve et que ses confrères aveugles ont accablé avec une furie de sauvages. J’avoue que je n’aurais jamais cru à tant de haine chez des catholiques. Je ne suis pas encore revenue de ma surprise. Mais les épreuves de cette sorte ont du bon ; passée la bourrasque, on sait, au moins, combien l’on compte de vrais amis.



En attendant de m’occuper d’une lettre d’un personnage très vénérable et que je respecte infiniment, mais qui a manqué de mémoire, et après avoir adressé un discret reproche à l’ami qui cita un nom, non destiné à la publicité, — je terminerai en mentionnant un incident de la tourmente ; cet incident est, à lui seul, une très grosse affaire, et ses auteurs, quels qu’ils soient, ne sauraient en esquiver la prompte solution.

Le 29 octobre, le Nouvelliste de Lyon, journal conservateur, publiait l’article suivant, qui était reproduit presque en même temps par un grand nombre de feuilles de même nuance et que l’Univers accueillit à son tour avec un vif empressement. Cela était intitulé « Diana Vaughan à Villefranche ». Voici le morceau :


On discute fort depuis quelque temps, et bien inutilement, croyons-nous, sur l’existence de Miss Diana Vaughan, cette mystérieuse création de deux fumistes qui se font des rentes en exploitant la badauderie de leurs contemporains.

Nous n’avons pas grand mérite au Nouvelliste à n’avoir jamais été dupes des élucubrations de cet être imaginaire. Connaissant l’esprit mercantile de ceux qui la patronaient, nous nous étions fait ce raisonnement très humain que si Diana Vaughan avait existé, ses barnums n’eussent pas manqué une occasion de la montrer avec accompagnement de grosse caisse et de gros sous.

Nous en connaissons cependant dont l’incrédulité ne s’est pas trouvée satisfaite de cet argument et qui ont demandé à Léo Taxil et à son compère anonyme, le docteur Bataille, à voir la prêtresse du Palladisme. Il leur fut répondu qu’ils la verraient.

La première scène de cette comédie burlesque s’est jouée à Paris, la seconde à Villefranche (Rhône), il y de cela trois mois, et c’est par où elle nous intéresse.

Donc, deux personnalités, que nous ne qualifierons pas autrement et dont quelques confrères de la presse catholique de Paris pourraient donner les noms, manifestèrent le désir de voir Diana Vaughan.

— Parfaitement, leur dit Léo Taxil ; seulement elle n’habite pas la capitale et vous serez obligés de faire un petit voyage pour la rencontrer.

— N’importe, répondirent les curieux ; le phénomène vaut un voyage.

Rendez-vous leur fut donc donné avec date et heure précises à Villefranche. Pourquoi Villefranche ? Ceux qui connaissent le passé de Léo Taxil n’auront pas de peine à répondre à cette question.

Donc, au jour et à l’heure indiqués, dans une chambre d’hôtel de Villefranche, les deux incrédules attendaient la venue de la mystérieuse luciférienne. La porte