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m’écrire qu’il a une physionomie des moins sympathiques, — avait adopté la tactique que voici : sous n’importe quel prétexte, il intervenait dans toute discussion pour attaquer mes Mémoires, plus particulièrement encore, mon volume sur Crispi. Alors même que personne ne parlait ni de moi ni de mes écrits, il partait à fond de train pour s’écrier qu’il fallait rejeter mes ouvrages de toute action ou propagande antimaçonnique ; car « Findel avait traité d’impostures les allégations quelconques relatives à l’existence d’une Haute-Maçonnerie et du Rite Suprême Palladique ». Ses trois compères se joignaient à lui et se démenaient comme des enragés, troublant la séance ; plusieurs fois, on fut obligé de les calmer. M. l’abbé Josepff, voyant que le docteur Gratzfeld s’entêtait à citer toujours le nom de Findel, fui répondit : « Votre Findel prétend que Cavour et Mazzini ne furent jamais francs-maçons ; laissez-nous donc tranquilles avec votre Findel ! »

En résumé, tout ce tapage concluait a la demande d’une grande séance consacrée à examiner, devant tous les congressistes et la presse, la question : « Miss Diana Vaughan existe-t-elle, oui ou non ? »

On pense si le délégué du Grand Orient de France devait rire sous cape et s’applaudir des résultats qui se préparaient.

Pour en finir, la séance tant réclamée fut accordée.

D’autre part, la Présidence générale du Congrès avait demandé à M. l’abbé de Bessonies, l’un des vice-présidents, de faire un rapport sur la question. Ce rapport fut lu à une réunion intime de quelques-uns des Évêques présents à Trente, qui désiraient être renseignés ; les Évêques, très satisfaits et se déclarant convaincus, émirent l’avis qu’il serait utile que ce rapport fût communiqué officiellement au Congrès, afin de dissiper une bonne fois les doutes semés chez les Allemands par les menteuses dénégations de Findel. En même temps, on venait d’apprendre les incidents de la IVe section, et l’on prenait la résolution de tenir toute une grande séance pour s’occuper de moi.

Je ne veux critiquer personne ; les membres du bureau présidentiel crurent bien agir en cela. Toutefois, ils perdirent de vue qu’ils créaient un précédent fâcheux. Une assemblée délibérante, convoquée dans le but d’organiser une action universelle aussi grave que celle qui réunissait à Trente les délégués catholiques des deux mondes, a autre chose à faire que s’occuper des questions de personnes. L’amitié qu’on me portait, — et dont je remercie, — m’a valu un trop grand honneur ; le désir de me défendre a empêché de voir le piège. Même si l’on avait eu affaire à des adversaires de bonne foi, il valait mieux réserver l’anéantissement de leurs doutes à une réunion de comité strictement privé, à une réunion intime, comme celle des Évêques. En se renfermant dans les limites de cette règle, on se conformait aux traditions des grands congrès internationaux.

Je ne rappellerai pas, par le détail, cette séance, désormais célèbre, du 29 septembre[1]. Divers comptes rendus en ont été publiés, la presse ayant été admise à la séance, tenue dans la salle des assemblées géné-

  1. L’excellente revue française La Franc-Maçonnerie démasquée vient de publier un numéro spécial, entièrement consacré à l’exposé des faits me concernant qui sont à la connaissance de mes amis de Paris. Ce numéro, daté d’octobre, porte un titre général : « la Question Diana Vaughan. » Il contient le rapport lu par M. l’abbé de Bessonies au Congres de Trente, suivi