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Le Père Noé, pendant qu’il éponge la récipiendaire. — Éblis a protégé Ada ; Ada n’est pas coupable.

Il répète cette phrase, chaque fois qu’il trace le triangle avec l’éponge ; ensuite, il remonte à son trône.

Le Père Noé, déposant l’éponge sur le plateau. — Grâces soit rendues au Très-Bon Éblis !… Eau maudite d’Adonaï, tu as été vaincue.

On donne à la récipiendaire ses vêtements ; la dernière Chevalière reçue l’aide à se rhabiller, pendant le récit de l’épreuve.

Le Père Noé. — La Maîtresse des Colombes a été la confidente d’Ada ; qu’elle nous fasse le récit de l’événement.

La Maitresse des Colombes. — Père Noé, ta fille bien obéissante Ada, accusée par Cham le Mage, son époux, ne se sentait point coupable ; c’est pourquoi elle accepta avec confiance l’épreuve des eaux maudites… Ne voulant garder sur elle aucun des vêtements que Cham lui avait donnés, elle se mit en état de grâce et d’innocence, ouvrit une fenêtre de l’arche et se jeta résolument dans les mugissantes ondes diluviennes… Le Très-Bon Éblis veillait sur elle… Tout d’abord, elle enfonça dans l’abîme ; un instant, la frayeur tenta d’envahir son âme ; mais elle la repoussa, avec la pensée que le danger lui serait causé surtout par la crainte, et elle dit en elle-même : « Malédiction de la crainte ! »… Alors, elle remonta à la surface des eaux… Le jour était incertain ; pourtant, elle distingua toute la désolation, œuvre d’Adonaï ; elle flottait au milieu des cadavres d’humains et d’animaux ; son âme connut l’horreur, mais non l’épouvante, et quand la frayeur tenta de nouveau d’envahir son âme, elle la repoussa encore en disant en elle-même « Malédiction de la crainte ! »… Mais voici qu’elle fut aperçue par Adonaï, et Adonaï dit : « Cette fille des hommes doit périr ; c’est l’épouse de Cham le Mage. Elle est hors de l’arche ; je ne l’épargnerai point. Qu’Obiel la fasse périr ; car je vois qu’elle a dans son sein le fils de Sabatha ! »… Alors, des requins, des baleines et d’autres monstres aquatiques s’avancèrent vers Ada, battant de leur queue les eaux avec un bruit terrible ; et Obiel lui-même prit la forme d’un monstre des plus hideux, et il nagea dans la direction d’Ada, ouvrant une immense gueule horrible, pour la dévorer ; et, pour la troisième fois, Ada repoussa la frayeur qui essayait de pénétrer en son âme, et elle répéta en elle-même : « Malédiction de la crainte »… Or, le Très-Bon Éblis veillait sur elle ; il envoya Barratron, qui dispersa les requins et les baleines, et Barratron refoula Obiel au fond des abîmes… Et le Très-Bon Éblis étendit sa main avec complaisance vers Ada ; il la retira des eaux, et la remit dans l’arche. Dans la lutte pour le salut d’Ada, le barbare Adonaï fut vaincu.

Le Père Noé. — Mes enfants, ce récit dans lequel la vérité éclate nous apprend que notre chère Ada est vaillante et qu’elle n’est point coupable ;