Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bruxelles pour confondre l’audacieux négateur. Goblet, me sentant derrière M. Margiotta, recula.

À l’époque des tremblements de terre de Calabre, je vins en Italie. Tout en agissant prudemment, je fis mon devoir, selon la latitude de mes ressources. J’étais à Naples, lorsque je reçus une lettre de M. Margiotta ; il me racontait, entre autres choses, qu’un palais qu’il possédait à Palmi, le palais de ses ancêtres, s’était écroulé, et il me priait de lui en payer la reconstruction, ou, tout au moins, de lui servir la bagatelle d’une centaine de mille francs. Le palais, informations prises, était une maisonnette quelconque, avec un pharmacien pour seul locataire, et la maison n’était pas endommagée outre mesure. Je trouvai la demande… indiscrète, et je le fis comprendre. Indé iræ. Nos relations en restèrent là.

J’ai dit la vérité, dans toute sa simplicité. Je crois que la grande manœuvre, imaginée par le démon du dépit, avortera ainsi. Maintenant, si quelques uns préfèrent croire M. Margiotta, ma foi n’en sera pas troublée, mon zèle de néophyte n’en sera pas ralenti, ma prudence n’en sera pas diminuée ; au contraire !

« Aime Dieu, et va ton chemin », selon la devise de mes vaillants amis, les catholiques du Canada.

Diana VAUGHAN.
4 août 1896.


LE PREMIER ÉCHEC DE LEMMI


Les journaux viennent d’enregistrer la nouvelle de la non-réélection de Lemmi comme grand-maître du Grand Orient d’Italie.

La vigoureuse campagne que j’avais conduite contre l’enjuivé Adriano-Simon dès le lendemain du Convent Souverain du 20 septembre 1893, a porté ses fruits. On ne me contestera pas, je présume, l’honneur d’avoir, la première dans la Maçonnerie, levé l’étendard de la révolte et déchiré, même devant le public, et par la production des documents authentiques, les voiles qui recouvraient la honte du grand-maître escroc.

Lorsque j’entrepris cette campagne, Lemmi était tout puissant. Pour lui faire échec, il ne fallait pas songer à s’adresser uniquement aux Loges italiennes ; leurs chefs étaient alors dans la main de l’enjuivé de Stamboul et n’auraient pas laissé passer une « planche » s’adressant aux FF∴ de l’imparfaite initiation. Il était nécessaire de faire ce que je fis : saisir l’opinion publique, faire apparaître devant le monde entier l’ignominie de l’homme que les scrutins frauduleux du Convent secret venaient de placer à la direction suprême de la Maçonnerie universel. Alors, les imparfaits initiés apprendraient, en même temps que les profanes, la condamnation infamante d’Adriano Lemmi. Tel fut mon plan.

On sait comment je le réalisai. D’Oxford-Street, à Londres, partit le cri de guerre. Et je me multipliai, montrant à qui voulut le voir le