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indignes d’un galant homme ? pourquoi me scinde-t-il en deux personnes, l’une qu’il couvre de boue, l’autre qu’il transforme en mystificatrice ? pourquoi cette campagne à coups de calomnies souterraines, qui a tout le caractère d’une haine personnelle, ayant brusquement éclaté ?…

Me garde-t-il rancune des lignes que je lui ai consacrées dans le Palladium, alors que, plongée encore dans l’erreur, je lui montrai quelque dureté de langage ? Les ecclésiastiques, qui possèdent les nos du Palladium reconnaîtront que je ne blâmai pas le converti, mais le manque de franchise dont il usa à mon égard au moment de sa conversion. Mon blâme était celui d’une ancienne amie, sévère peut-être, mais toujours courtoise, répugnant à la constatation d’un acte de duplicité.

Non, ce n’est point de mon article que M. Margiotta m’en a voulu. Il y a autre chose.

D’abord, la vérité sur mes relations avec M. Margiotta. Il m’est pénible d’être obligée de descendre à de telles explications ; mais une calomnie, de la nature de celle que ce malheureux égaré ose répandre, a besoin d’être broyée sous le talon. Se dérober en présence d’une vipère peut convenir aux trembleurs ; ce n’est pas mon fait : la vipère continuerait à me poursuivre ; j’aime mieux lui faire face et lui écraser la tête.

Mes relations avec M. Margiotta, je ne les nie point. On va voir à quoi elles se réduisent. Une entrevue d’une heure et demie, tout au plus ; je ne dis pas un tête-à-tête. Une correspondance, assez longtemps échangée ; oh ! bien simple, et sans la moindre pensée répréhensible. Entre l’entrevue et la correspondance, plus de quatre ans écoulés.

L’entrevue date de 1889, lors de la mission qu’Albert Pike me confia en Europe. Après Paris et la France, je passai en Italie ; je poussai jusqu’à Naples, pour me rendre ensuite à Malte ; ce voyage est déjà bien connu. Or, à Naples, je ne visitai aucun Triangle ; je voulais demeurer touriste. Bovio et Cosma Panunzi tinrent absolument à me présenter plusieurs Frères, qui, ayant appris mon passage, désiraient à toute force me voir. Je me plaignis un peu de ce que le secret de mon incognito n’avait pas été mieux gardé ; enfin, j’accédai ce désir qui m’honorait. Les Frères étant nombreux, j’accordai deux réceptions, à l’hôtel ; un thé et une assez longue causerie, chaque fois ; bonjour, bonsoir, échange de politesses. M. Margiotta me rappela plus tard qu’il était un des Frères Italiens qui m’avaient été présentés par Bovio et Panunzi ; peut-être donné une poignée de main. Il a mieux eu mon souvenir que moi le sien ; car, lorsque je vis sa photographie dans