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mots en dehors du texte, laissant surtout à la réflexion le temps de travailler ces âmes. Je n’ai pas été déçu ! quel bonheur a été le mien, de voir l’émotion gagner ces cœurs, de pouvoir pleurer avec eux devant notre autel transfiguré !… Vous dirai-je qu’à notre gré la nuit a paru courte et ses heures trop rapides !

Après Dieu, auteur de tout bien, à vous, chère Mademoiselle, mes remerciements pour l’heureuse inspiration qu’a fait naître en moi votre Neuvaine Eucharistique, et les salutaires mouvements de la grâce qu’elle a provoqués autour de moi. Cette nuit inoubliable me fait présager des retours chez mes retardataires. Béni soit le vénéré prêtre, votre conseiller, qui n’a pas voulu et avec raison voir ces pages ensevelies dans le monastère où vous les avez écrites, et puissent le bien qu’elles nous font, et l’amour de Jésus-Hostie qu’elles réveillent en nous et réveilleront encore, vous consoler, vous dédommager des pénibles souvenirs du passé qui vous afflige, mais que Dieu a permis, pour en retirer, vous le voyez bien, un plus grand bienfait en faveur des âmes dont il se fera aimer.

Votre bonté qui s’est toujours révélée dans vos écrits me pardonnera, je le sais, de vous avoir distraite un moment de vos travaux ; mais, par votre livre, vous avez été avec moi au travail de la sanctification des miens ; j’ai voulu vous faire part du bonheur de les savoir comme moi réchauffés ainsi par vous, au pied du Tabernacle. Voilà pourquoi j’ai écrit.

Permettez-moi, en finissant, Mademoiselle, de me recommander à vos généreuses prières. Le doux Maître qui vous a tant aimée alors que vous n’étiez pas encore à Lui, n’a fait évidemment que redoubler d’affection pour vous, depuis l’heureux jour ; mais à la vue du bien qui se fait par votre entremise, que pourrait-Il refuser à vos vœux et à vos prières, surtout pour les prêtres qui L’ont si instamment sollicité pour vous, et qui chaque matin encore à l’autel sont si heureux de vous être intimement unis dans la plus vive reconnaissance ?

Que la Vénérable Jeanne d’Arc, votre sainte de prédilection, et l’ange qui veille sur vous, vous protègent et vous gardent contre vos ennemis, qui sont aussi les nôtres ; qu’ils vous conservent, pour le succès de votre œuvre de combat, à l’affection de vos amis.

Daignez agréer, Mademoiselle, avec tous mes respects, mes humbles et dévoués hommages en N.-S.

X*** curé de …


P.-S. — Avez-vous remarqué, bonne Mademoiselle, que le grand coup de grâce du 13 juin, Fête-Dieu, a coïncidé aussi avec le jour de Saint Antoine de Padoue ? Si vous saviez pourtant tout ce qu’on a dit pour vous à ce charitable Saint, et tout ce qu’on lui a fait faire, vous ne seriez pas à bout des détails merveilleux de votre conversion.