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s’incliner ! Cette preuve est dans l’interprétation elle-même, dont seul Philalèthe, disciple de Robert Fludd, pouvait avoir eu l’idée, lors de l’introduction de la légende d’Hiram dans le symbolisme maçonnique.

Ici, nous touchons à l’ésotérisme diabolique par excellence. Conception vraiment infernale, ce sens répugnant donné au prétendu assassinat d’Hiram, suivi de sa prétendue résurrection.

Je n’apprendrai rien aux lecteurs catholiques qui ont déjà étudié de près le symbolisme maçonnique ; l’interprétation que je vais indiquer, ils la connaissent, pour en avoir eu la divulgation par divers auteurs antimaçons : mais ils seront mes garants auprès des autres lecteurs. Il est nécessaire de la rappeler, cette interprétation, parce que je dirai ensuite et établirai où Philalèthe a puisé son inspiration ; après quoi, chacun conclura qu’Ashmole fut absolument étranger à l’introduction d’une légende contenant, sous son voile, un tel sens ésotérique.

En quelques mots je résume la partie capitale de l’initiation au grade de Maître.

Le récipiendaire, après avoir enjambé un cercueil et écouté le récit d’un crime dont il a été presque accusé d’être l’un des auteurs, sert de jouet au Très Respectable et aux membres de la Loge. À la fin du récit, il a été frappé comme fut frappée la victime, et il a été couché tout-à-coup dans le cercueil qu’on venait de lui faire enjamber. On recouvre son corps d’un drap mortuaire ; on plante à sa tête une branche d’acacia. Il représente alors Hiram, enterré sous un tertre, au Liban. Des Frères vont et viennent, en interminables promenades ; ils figurent les bons maçons constructeurs du temple de Salomon, à la recherche du cadavre de leur architecte martyr. Enfin, la branche d’acacia, aperçue, conduit les chercheurs auprès du récipiendaire qui fait le mort. On retire le drap noir ; le Très Respectable se penche sur le pseudo-cadavre, l’attire à lui pour l’amener à se mettre debout, et, quand le récipiendaire est sur pied, la salle étant subitement éclairée de vives lumières, tous poussent des cris d’allégresse. Le récipiendaire apprend qu’il est Hiram ressuscité. La farce est terminée.

Dans une harangue, l’orateur de la Loge développe longuement la légende de l’architecte tyrien et soumet au nouveau Maître diverses interprétations, les unes, d’apparence astronomique, les autres, d’un ordre politique ; on lui déclare au surplus, qu’il est d’autres interprétations, historiques, scientifiques et philosophiques, et que c’est à son intelligence qu’il appartient de les découvrir.

La légende d’Hiram est, en effet, une inépuisable source d’interprétations. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles, quoique différentes, ne se