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notoriété étant acquise à « Diana Vaughan », un brusque changement de signature nuirait à mes révélations. La malice de l’ennemi est si grande, dit-il, que bien vite serait répandu le bruit que « Jeanne Vaughan » n’est point « Diana Vaughan », mais une toute autre personne.

Quoiqu’il pût m’en coûter, il fallait donc garder ce prénom, dans mes écrits publics. Je me résolus d’abord à signer ainsi qu’on l’estimait nécessaire, mais en plaçant ensuite les trois prénoms de mon baptême. Puis, le trouble revint ; je me reprenais à vouloir signer « Jeanne ».

Un jour, j’allais me déterminer, malgré mes conseillers, à abandonner définitivement l’infernal prénom, et je m’apprêtais à en aviser mon directeur, quand mon courrier m’apporta un petit volume, sortant des presses romaines de l’Imprimerie de la Propagande, et mon cœur tressaillit d’aise, aussitôt que mes yeux eurent lu le titre.

Merci à vous, bon Père dominicain, que Dieu inspira en cette circonstance. C’est vous qui m’avez apporté la paix ; c’est à vous que je dois d’avoir pu concilier avec un devoir de conscience l’exigence dont je souffrais.

Édifiant petit livre, avec quelle joie j’ai dévoré tes pages ! Jusque là, j’avais ignoré l’existence de la Bienheureuse Diana d’Andalo, une convertie, elle aussi, et l’une des plus pures gloires de l’Ordre de Saint Dominique. Diana d’Andalo, fille d’un podestat de Bologne, fut conquise à jamais à Dieu par le Bienheureux Réginald, disciple de Dominique, ce Réginald que la Très Sainte Vierge Marie guérit d’une fièvre mortelle, à qui elle apparut, tandis qu’il était à l’agonie, à qui, après lui avoir fait une onction céleste, elle consigna, comme à un mandataire de choix, la forme de vêtement qu’elle avait composée pour ses fils de prédilection, les Frères Prêcheurs.

Alors, je n’ai plus souffert ; alors, ce prénom m’a semblé lavé de la souillure diabolique. Ce prénom, je puis le reprendre, puisqu’il est celui d’une Bienheureuse, d’une Dominicaine que l’Église a placée sur les autels.

Et, en lisant le petit livre, je ne pouvais m’empêcher de faire des rapprochements. Le Bienheureux Réginald état le doyen de la Collégiale Saint-Aignan, à Orléans. Orléans, la ville où Jeanne d’Arc a montré qu’elle était envoyée de Dieu ! Orléans, dont le nom est inséparable de celui de la sainte héroïne, dans la gloire chrétienne et française ! Et la Bienheureuse Diana était de Bologne. Bologne, dont aujourd’hui Giosué Carducci, le chantre de Satan, s’enorgueillit d’être un des fils. Ô Satan, nous te vaincrons ; nous te vaincrons, par la