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Le roi de Danemark, Christian IV, fit venir Kaatje Schwenz à sa résidence de Gluckstadt et lui acheta la précieuse corne à un prix qui fut pour elle une fortune.

Cette corne, qui est historique, est demeurée jusqu’en 1802 au musée de Copenhague, époque où elle tenta un hardi voleur qui s’en empara et la fit fondre ; longtemps elle mit à la question la cervelle des archéologues. Thomas Vaughan et plusieurs de ses collègues en alchimie ont vu, dans les mystérieuses figures qui l’ornaient, l’histoire de la recherche de la pierre philosophale. À son rapport, elle était formée à l’extérieur de onze pièces différentes, dont chacune était séparée de l’autre par un anneau, l’ensemble décrivant des courbes. Thomas en a laissé le dessin. Les figures représentées, qu’il explique en occultiste, sont des serpents, des poissons, des oiseaux de proie, des loups à la gueule béante, des chevaux à têtes et mains humaines, des têtes de mort, des tridents, des étoiles, deux satyres dont l’un porte une hache et l’autre porte une faux, des hommes dans toutes les attitudes, à genoux, les mains jointes et renversées, élevées vers le ciel, l’un d’eux tenant un poignard, un autre un miroir, un cavalier au galop, la lance au poing, un arbalétrier visant une pièce de gibier, un mage vêtu d’une longue robe traînante et coiffé d’un bonnet à queue, une femme brandissant un couteau contre un homme placé auprès d’elle, des monstres à face hideuse, et, tout autour de la corne, des lignes innombrables de points formant tantôt des croix, tantôt des cœurs.

En ce temps, Amos Komenski était à Londres où il publiait son Prodromus Pansophiæ universæ. Thomas Vaughan lui fit, sur la corne d’or de Tondern, un volumineux rapport, qui fut approuvé par lui, ainsi que par William Lilly, Georges Wharton, docteur Pearson, et John Booker ; ce rapport, qui n’a jamais été imprimé, est au nombre des manuscrits de Philalèthe, provenant de la succession de mon bisaïeul James. Il ne présente aucun intérêt de publication, si ce n’est qu’il établit les preuves de certaines relations de Thomas Vaughan avec divers astrologues, mathématiciens, théologiens protestants et médecins de l’époque, tous occultistes de la Rose-Croix socinienne.

La Pansophia, de Komenski, laisse percer que la Franc-Maçonnerie est bien d’origine socinienne. Dans ce livre, que mon père prenait plaisir à me citer et dont j’ai lu aussi la louange par Findel, on voit apparaître, — et je ne crois pas me tromper en ajoutant : pour la première fois, — l’expression Grand Architecte de l’Univers,