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Les Frères de la Rose-Croix, cherchant de plus en plus, sous la grande-maîtrise de Valentin Andreæ, à faire parler d’eux, sans toutefois se laisser découvrir, répandirent divers bruits, en vue du recrutement des amateurs d’occultisme et des ennemis secrets du catholicisme. C’est ainsi que, par des opuscules habilement rédigés et adroitement distribués, ils donnaient à entendre que les six principales règles de leurs parfaits initiés étaient :


« D’exercer la médecine charitablement et sans recevoir aucune rémunération de quiconque ;

« D’adopter les coutumes des pays où leur mission les conduisait et d’y vivre de telle sorte que personne ne puisse les soupçonner d’appartenir à la Fraternité ;

« De se rendre une fois par an au lieu fixé pour l’assemblée générale, et, en cas d’empêchement majeur, de faire tenir au grand-maître une lettre exposant les motifs de l’absence ;

« Le nombre des plus hauts initiés étant limité, de choisir, chacun, avant l’heure de se mort, un successeur capable d’occuper sa place et de le représenter dignement ;

« De garder une fidélité inviolable à l’association et de tenir d’une façon impénétrable, le secret des Frères (cette règle était générale, quelque fût le degré d’initiation) ;

« De maintenir absolument secrètes pendant cent ans les œuvres et les personnes de l’association, et de croire fermement que, si la Fraternité venait à faillir, elle pourrait être réensevelie dans le sépulcre de son premier fondateur. »


À cet aperçu de leurs régles, les Rose-Croix mêlaient plusieurs affirmations hardies, pour impressionner davantage le public.


« Les Frères de la Rose-Croix affirment :

« Qu’ils sont destinés à accomplir le rétablissement de toutes choses en un état meilleur, avant que la fin du monde arrive ;

« Qu’en quelque endroit qu’ils se trouvent, ils connaissent les évènements qui se passent dans le reste du monde mieux que les personnes qui assistent à ces évènements ;

« Qu’ils ne sont sujets ni à la faim, ni à la soif, ni à la vieillesse, ni aux maladies, ni à aucune incommodité de la nature ;

« Que, par la kabbale et la science des nombres, ils découvrent les choses les plus cachées ;

« Qu’ils connaissent par révélation ceux qui sont dignes d’être admis dans leur Fraternité ;

« Qu’ils ont un livre dans lequel ils peuvent apprendre tout ce qui est dans les autres livres faits ou à faire ;