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Quant à Rosenkreuz, il m’expliquait que c’était un personnage symbolique, incarnant l’alchimie, la kabbale et la théosophie ; c’était l’emblème humanisé de l’Art-Royal, persécuté par les prêtres des ténèbres, obligé de se cacher, acceptant le seul joug de la loi du Dieu-Bon, attendant dans la retraite la liberté de prêcher au monde le nouvel Évangile, s’ensevelissant vivant au sein d’une caverne pour y concentrer les rayons de la divine science luciférienne, puisque les yeux des profanes n’en peuvent encore supporter l’éclat, travaillant en silence à préparer l’avènement du règne social de Lucifer Dieu-Roi dans toute sa gloire. Ce sépulcre, que l’inscription dit n’être jamais vide, c’est celui des victimes de la superstition : Jacques Molay, Jean Huss, Jérôme de Prague, Savonarole, Lucilio Vanini ; et mon père m’énumérait tous ceux qu’il appelait « les martyrs ».

Il me signalait encore, en y insistant, cette date de 1604, qui termine la légende de la Rose-Croix ; année qui est bien celle de la mort de Fauste Socin. Le divin Fauste est entré au tombeau, et c’est ce tombeau, qui est foyer d’éclatante lumière. Il faut comprendre le langage ésotérique, il faut savoir déchiffrer ses énigmes, deviner quelle est parfois la phrase qu’il convient d’interpréter à rebours. Deux périodes séculaires : l’une de vie, l’autre de mort ; les deux phases successives de la haute-maçonnerie, de l’occultisme socinien. Le sépulcre qui ne devra être découvert que dans cent-vingt ans, signifie encore la période de l’impénétrable mystère dont se couvriront les Rose-Croix du divin Fauste. L’indication de la date 1717, pour l’apparition de la Franc-Maçonnerie officielle, est là bien précise, puisque c’est de 1597 que part la grande-maîtrise du fondateur ; c’est en l’année qui précéda l’explosion des chrétiennes colères du peuple de Cracovie contre Fauste Socin, qu’il eut les communications directes de Lucifer ; c’est en cette année 1597 que Satan en personne l’avait sacré Rosæ Crucis Magister Imperator. Entre 1597 et 1717, différence exacte : cent-vingt ans.

Dira-t-on que ce sont là des calculs faits après coup, des interprétations fantaisistes d’une obscure légende ?

Mais cette légende du mythe symbolique Rozenkreuz a été imprimée en plusieurs langues, au cours des années 1615 et 1616 ! Mais il y a mieux que cela : il y a le coup que frappa publiquement Valentin Andreæ, pour marquer sa prise de possession de la grande-maîtrise !

C’est au convent de Magdebourg, présidé par Michaël Maïer (1617), que l’on décida d’inscrire dans l’acte, signé par les Sept la période d’un siècle à courir, avant que les Frères de l’association puissent se faire connaître. On inscrivit cent ans, précisément parce que vingt s’étaient