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MÉMOIRES d’une EX-PALLADISTE

chapitre iii

Mon éducation luciférienne

(Suite)


De l’histoire de mon ancêtre Thomas, j’ai été saturée par mon père et par mon oncle ; on me l’a fait boire, goutte à goutte, dès que je fus jugée en mesure de comprendre ce que mes parents appelaient « le rôle humanitaire de la Franc-Maçonnerie ». À leurs yeux, Thomas Vaughan était, avec Amos Komenski et Valentin Andreæ, l’exécuteur du plan de Fauste Socin, lequel est, — à mon opinion basée sur les plus attentives études, — le Véritable fondateur de la secte maçonnique.

On se rendra un compte exact de mon éducation, en lisant ce résumé nécessaire de la vie de Philalèthe ; en outre, il donnera des aperçus nouveaux et précis à tous ceux qui s’intéressent à la solution de cette question tant discutée : les origines de la Maçonnerie antichrétienne. Car il faut, une bonne fois, laisser de côté les légendes : le rattachement à la construction du temple de Salomon, c’est risible ; la succession des Gnostiques, des Néo-Platoniciens d’Alexandrie, des Manichéens, des Albigeois, des Templiers, c’est soutenable, si l’on se borne à admettre que toutes ces sectes procèdent, avec la Franc-Maçonnerie, du même inspirateur, Satan, mais c’est inexact, si rigoureusement l’on se place au point de vue historique. Entre Jacques Molay et le Rite maçonnique Templier, la chaîne des grandes-maîtres a une interruption de plusieurs siècles ; la vengeance des martyrs saint Jacques et autres est un fertile sujet pour les cérémonies d’arrière-loges, voilà tout ; pas de documents, authentiques ou même apocryphes, pour énumérer une succession ininterrompue. Le maçon, qui soutiendrait sérieusement cette filiation, en atelier d’érudits frères des hauts-grades, ferait moquer de lui.

Historiquement, la Franc-Maçonnerie anti-chrétienne, — non la franc-maçonnerie corporative des ouvriers du bâtiment, — est née de la Réforme, par Fauste Socin. Cela m’été enseigné et prouvé.

Fauste poussa la Réforme à ses extrêmes conséquences, en héritier des deux premiers Socin, Lélio et Dario, en dépositaire des traditions