Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des fanatiques lucifériens ; mais j’ai compris, je sais que mon Jésus bien-aimé est hors de toute atteinte.

Les explications théologiques des bons prêtres que j’ai pris pour conseils ne m’ont pas fait défaut ; M. l’aumônier lui surtout, m’avait vue en lamentation quand, dans ma foi indécise, le souvenir des transperceurs d’hosties me torturait, et il m’a prodigué ses sages avis, craignant de me voir retomber dans quelque doute, par ardeur d’amour pour le Divin Agneau. Un autre ecclésiastique m’a donné aussi ses consolations ; mais, puisque s’unissent si bien les grands cœurs de mes conseillers et guides spirituels, il est utile de faire passer dans les âmes des fidèles qui me lisent le réconfort que Dieu a daigné m’accorder.

Il ne faut pas, en effet, que les récits qu’il me reste à faire troublent les consciences. Ce que j’ai souffert, d’autres âmes amantes de Jésus pourraient le souffrir et se dire comme je me le disais avant le divin songe de ma nuit de délivrance : — Non ! cela n’est pas possible ! Dieu ne se laisserait pas ainsi poignarder, meurtrir, donner aux chiens ! — opinion fausse conduisant au doute sur la présence réelle.

Toute ma vie, je remercierai Dieu d’avoir fait pour moi ce miracle : la plénitude de la foi, non d’une foi aveugle, mais d’une foi limpide, éclairée par les lumières les plus inattendues.

N’ayez donc aucun trouble, amis et amies. Tous les attentats possibles contre la Sainte Eucharistie sont dans l’impuissance absolue, radicale, d’atteindre en aucune manière, et à aucun instant, soit la substance divine, soit la substance humaine de Jésus-Christ. Poignards ni chiens n’y peuvent rien…

« Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus, et la mort n’aura plus d’empire sur lui : car, mort pour le péché, il est mort seulement une fois ; mais la vie qu’il a maintenant demeure en Dieu. » (Saint Paul, Épître aux Romains, chap. VI, v. 9-10)

Disons-nous bien que Jésus vit à jamais dans son humanité glorifiée. Considérons que toutes les atteintes de la matière grossière sont de nul effet sur les corps en l’état bienheureux ; car ces corps ont non seulement l’impassibilité, mais une sorte de spiritualité. C’est encore saint Paul, l’incomparable saint Paul, qui le déclare en termes formels : « Le corps est semé dans la corruption ; il ressuscitera incorruptible. Il est semé dans ignominie ; il ressuscitera dans la gloire. Il est semé dans la faiblesse ; il ressuscitera dans la force. Il est semé corps animal ; il y a aussi un corps spirituel. » (1re  Épître aux Corinthiens, chap. XV, v. 42-44).