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forme soit du patriarche Énoch, soit du prophète Élie, soit même de l’archange saint Michel. Ces prestiges diaboliques sont dûment constatés ; le don d’ubiquité, possédé par Cagliostro, est un fait acquis.

Parmi les preuves sur lesquelles le tribunal du Saint-Office s’est basé pour condamner à mort Giuseppe Balsamo comme ayant été volontairement en commerce avec le diable et en ayant reçu imprégnation et puissance, figure une lettre qui fut saisie chez l’accusé au nombre de ses papiers secrets. C’est une lettre adressée de Lyon au grand Cophte par le Frère Ainé (président) de la loge égyptienne qu’il avait fondée en cette ville ; elle vaut la peine d’être reproduite en entier :

« Monsieur et Souverain Maitre,

« Rien ne peut égaler vos bienfaits, si ce n’est la félicité qu’ils nous procurent.

« Vos représentants se sont servis des clefs que Vous leur avez confiées ; ils ont ouvert les portes du Grand Temple, et nous ont donné la force nécessaire pour faire briller Votre grande puissance.

« L’Europe n’a jamais vu une cérémonie plus auguste et plus sainte ; mais, nous osons le dire, Monsieur, elle ne pouvait avoir de témoins plus pénétrés de la grandeur du Dieu des dieux, plus reconnaissants de Vos suprêmes bontés.

« Nos Maîtres ont développé leur zèle ordinaire et ce respect religieux qu’ils portent toutes les semaines aux travaux intérieurs de notre Loge. Nos Compagnons ont montré une ferveur, une piété noble et soutenue, et ont fait l’éducation de deux Frères qu’ils ont eu l’honneur de Vous présenter.

« L’Adoration des Travaux a duré trois jours, et, par un concours remarquable de circonstances, nous étions réunis au nombre de vingt-sept dans le Temple ; sa bénédiction a été achevée le 27 (juillet), et il y a eu cinquante-quatre heures d’adoration.

« Aujourd’hui, notre désir est de mettre à Vos pieds la trop faible expression de notre reconnaissance.

« Nous n’entreprendrons pas de Vous faire le récit de la cérémonie divine dont Vous avez daigné nous rendre l’instrument ; nous avons l’espérance de Vous faire parvenir bientôt le détail par un de nos Frères, qui Vous le présentera lui-même.

« Nous Vous dirons, cependant, qu’au moment où nous avons demandé à l’Éternel un signe qui nous fit connaître que nos vœux et notre Temple lui étaient agréables, tandis que notre Maitre était au milieu de l’air, a paru, sans être appelé, le premier philosophe du Nouveau Testament. Il nous a bénis après s’être prosterné devant la nuée dont nous avons obtenu l’apparition, et s’est élevé sur cette nuée, dont notre jeune Colombe n’a pu soutenir la splendeur, dès qu’elle est descendue sur la terre.