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le groupement des constellations et tout ce qui se voit au firmament, pour des manifestations de la pensée du Dieu-Bon.

Telle est l’origine de l’astrologie, c’est-à-dire une origine foncièrement diabolique, cela ne fait aucun doute.

C’est ainsi que l’on a pu écrire que l’astrologie se retrouvait dans les traditions païennes les plus antiques, et que les Chaldéens, adorateurs d’Ormuzd-Lucifer, sont cités comme les premiers astrologues. C’est chez eux que cette divination, toute spéciale, a pris naissance, pour se transmettre ensuite à l’Égypte, à la Grèce, à l’Italie. « Les Chaldéens, dit Diodore de Sicile, ayant fait de longues observations sur les astres, et connaissant plus parfaitement que tous les autres peuples leurs mouvements et leurs influences, prédisent aux hommes la plupart des choses qui doivent leur arriver ; ils regardent surtout comme un point important la théorie des cinq astres qu’ils nomment interprètes et que nous appelons planètes. »

Lucien, tout en constatant que de son temps la divination a perdu beaucoup de son prestige, rappelle qu’anciennement en Grèce on n’entreprenait rien sans avoir consulté le devin, « dont tous les oracles se rapportaient à l’astrologie. »

Les Romains ne furent pas moins passionnés que les Grecs pour l’astrologie ; on cite parmi ses sectateurs des hommes tels que Pompée, César, Vespasien, Marc-Aurèle. Cicéron, dans son Traité de la Divination, parle d’un de ses amis, Lucius Tarrutius, « qui consacra toute sa vie à la divination par les astres, et à relever des nativités au moyen de tables célestes dressées selon le style égyptien. » — « Aux kalendes de Janvier, disait l’empereur Adrien, je sais tout ce qui m’attend jusqu’au 31 décembre. »

Proscrite dans les premiers temps de l’Église par le Christianisme, l’astrologie trouva dans les conciles et les Pères des adversaires irréconciliables qui la combattirent à la fois comme un système portant atteinte à la liberté et à l’action de la Providence, et comme une science diabolique directement inspirée par l’enfer. En vain les astrologues et leurs partisans invoquaient en faveur de leur art la prétendue véracité de certains pronostics réalisés par l’événement, l’Église leur répondait avec saint Augustin : « Plus les astrologues disent vrai, plus il faut se méfier d’eux, attendu que leur entente avec le démon est évidente par cela même (la réalisation des pronostics) et que la preuve en est dans la manière dont ils finissent leur vie, c’est-à-dire, en compagnie des malfaiteurs et des empoisonneurs ; ce qui vous explique ce mot de Juvénal : « On ne saurait trouver un seul astrologue qui n’ait payé bien cher le secours de son génie. »

Dans maints endroits de ses ouvrages, le même saint s’élève avec force contre la criminelle erreur de l’astrologie. Dans son traité De Doctrina christianà en particulier, il nous représente la superstition des Mathéma-