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du « 5e jour de la Lune Nisan, 24e jour du 1er  mois de l’an de la Vraie Lumière 000874, vallée du Tibre, orient de Rome », et la signature du F∴ Albert Pike, sous la date du « 1er  jour de la Lune Thischri, 12e jour du 7e mois de l’an de la Vraie Lumière 000874, au Suprême Orient de Charleston et sous l’œil du Tout-Puissant Divin Maitre. »

Dans l’acte, le F∴ Armand Lévy est déclaré « muni des pleins pouvoirs des Fils de l’Alliance des deux mondes, ses titres et son mandat reconnus et certifiés en bonne et due forme par le Souverain Directoire Exécutif ».

Tel est le compromis qui a été passé, il y a vingt ans, entre la juiverie maçonnique et le Palladisme.

Ainsi, le pouvoir suprême de Charleston à définitivement légitimé les loges juives ; bien plus, il leur a accordé des privilèges tout à fait exceptionnels, exorbitants.

La fédération est essentiellement clandestine. Le Palladisme est une maçonnerie supérieure fonctionnant dans toute la maçonnerie et la dirigeant en secret. La Confédération Israélite est une autre maçonnerie, contrôlée par le Palladisme seul et fonctionnant à côté de la maçonnerie ordinaire, en l’espionnant ; elle est aussi secrète que la seconde classe des Odd-Fellows.

On voit par là à quel point sont dupes les maçons imparfaits initiés.

Il est bien facile, maintenant, de se rendre compte de ce qui se passe. Les maçons-juifs, appartenant à diverses loges d’une même ville, se réunissent à part, sans distinction de rites de la maçonnerie ordinaire. Ils fondent une loge juive, relevant non pas du Suprême Conseil ni du Grand Orient de leur pays, mais bien du Souverain Conseil Patriarcal de Hambourg, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une autre loge juive établie dans la ville désignée comme chef-lieu de la correspondance patriarcale de la région. Ils se concertent donc tout à loisir pour faire prévaloir leurs projets dans les loges symboliques, dans les chapitres et même dans les aréopages.

Ce n’est pas tout. À leur loge juive, ils reçoivent et initient d’autres juifs, qui n’ont, dès lors, nul besoin de faire un stage quelconque dans les loges officielles. L’initiation de la loge israélite, me dira-t-on, n’est pas la même que celle des rites officiels (Écossisme, Royal-Arche, Rite Français, Misraïmisme, etc.). Je le veux bien. Par le fait, ce n’est pas une initiation, dans le vrai sens du mot ; il n’y a là qu’un seul et unique degré ; c’est une association, ayant adopté un cérémonial particulier. Soit encore. Mais le profane juif n’en est pas moins mis au courant, en dehors des ateliers réguliers, de l’enseignement maçonnique. À part les mots sacrés et de passe et les signes de reconnaissance, il est en réalité aussi avancé en maçonnerie qu’un frère régulier pourvu du grade de Maitre, 3e degré. Même je me demande pourquoi je me sers de ce mot « régulier » pour marquer la