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point effacé en moi la haine que j’avais vouée à Jésus[1] » ; puis, étudiant à l’école du rabbin Aaron Lazarus, un hasid (superdévot), le livre du Talmud Nidah qui traite de toutes les lois juives relatives au mariage et à la vie sexuelle. Il y a à ce sujet, dans les Mémoires de Weill, une confidence qui permettra de juger de la moralité de l’enseignement talmudique :

« Quand une juive, dit-il, doute de la qualité de son sang, elle charge une de ses femmes payées, et qui ne nomme personne, d’en présenter la tache au rabbin. Celui-ci, après inspection, juge sur la couleur, si elle est pure ou impure, kascher ou teréphah. Chose incroyable, mais certaine ! mon rabbin me chargea toujours de cette inspection. Et je n’avais pas encore treize ans ! Mais j’étais un petit hasid et j’avais le coup d’œil ! (Le sang impur est bleuâtre dans la périphérie de la tache) ».

S’il faut en croire le narrateur, cette étude des mystères de la femme ne lui aurait jamais inspiré une mauvaise pensée ; mais, comme pour s’infliger aussitôt un démenti, il raconte, avec un luxe de détails donnant bien la preuve de son manque absolu de sens moral, les scènes d’alcôve de son rabbin, qu’il avait surprises en se cachant dans une chambrette voisine dont il laissait la porte entrebaillée.

Mais ceci ne peut se reproduire ici, vu la crudité impudique des termes et le cynisme écœurant des aveux.

Chose singulière, un des points qui rend le christianisme plus particulièrement admirable et adorable, le pardon du mal et du péché par la miséricorde, la rédemption, fut précisément celui qui, pour cet adorateur du Dieu-Un, le lui fit particulièrement détester et haïr :

« Depuis l’existence du monde, s’écrie-t-il, toutes les erreurs, toutes les superstitions réunies, n’ont pas produit autant de malheurs, de crimes et d’infamies que la seule erreur de la possibilité du pardon, par la volonté de Dieu, soit par un miracle, soit par un caprice, soit par le simple repentir de ne plus faire le mal. »

Sur la foi d’un songe prophétique, où un ange vint le toucher et lui dire : « Jeune homme, lève-toi, ceins tes reins et va-t-en d’ici ; car la main sur le trône de Jehovah, guerre de Jehovah à Amalec (mot collectif pour les ennemis de Dieu) d’éternité en éternité » ; devenu majeur par la première communion juive, qui vous fait fils de la loi (Bar-Mitzva), surnommé dès l’âge de onze ans, pour sa précocité talmudique, Rabbi Abraham Alexandre ben Yehuda, Alexandre Weill quitta la maison paternelle, avec la pensée bien arrêtée de devenir un grand homme en Israël. Il avait treize ans et trois

  1. Weill est cependant obligé de reconnaitre que le christianisme et l’Évangile ont eu du bon, ne serait-ce que ces trois choses, au moyen desquelles, dit-il, il a conquis le monde : l’abolition des sacrifices, de la polygamie et de l’esclavage. Mais tout cela, à ses yeux, n’est que du pur Mosaïsme. Nul doute que si le Mahométisme avait aboli la polygamie et prohibé l’esclavage, il eût triomphé sur le christianisme.