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voluptés impossibles, le dédain de cette chimère, l’âme, et la négation de la vertu. Il n’aspire qu’à l’enfer des païens, à l’Orcus, « au bruissement mélancolique du Styx, aux chants des Furies, aux aboiements de Cerbère ; but cela forme une lugubre harmonie avec le malheur et la tristesse. » Ou plutôt il n’aspire qu’au néant ; dans le Livre de Lazare, un dialogue entre le Corps et l’Ame, son véritable testament philosophique, l’âme dit au corps :

« Avec toi je veux m’abimer dans la nuit et la mort, avec toi boire le néant ! » (Poèmes et Légendes.)

En résumé, Heine est un des pères les plus authentiques de cette littérature immorale et athée qui contribua plus que tout autre chose à démoraliser la France sous le gouvernement de Juillet qui la pensionnait. Il est le père de cette Jeune France sans convictions, sans principe, sans foi, qui, par la plume d’un de ses plus excentriques écrivains, Lassailly, a laissé échapper cet aveu qui est la vérité même :

« Pitié ! Pitié ! sur moi, jeune homme, dont l’âme a froid de tout son égoïsme athée ! »


La reconnaissance des juifs pour les bienfaits de la Révolution devait naturellement s’étendre à la franc-maçonnerie, le principal agent de ces bienfaits ; celle-ci du reste leur ouvrait largement ses portes ; elle pouvait compter sur leur dévouement aux principes de la secte. C’est ce que constate la Revue maçonnique de janvier 1848 dans ce passage significatif :

« La grande majorité de l’Ordre, non seulement n’admet pas le christianisme, mais le combat à outrance ; la preuve s’en trouve dans l’admission des juifs aux loges anglaises, françaises, américaines, belges et, depuis peu, dans toutes les loges de l’Allemagne. »

Que les juifs francs-maçons aient participé aux événements qui préparèrent la Révolution de 1848, c’est ce qu’avouent leurs propres historiens.

« La communauté de Paris, dit Léon Kahn, n’était pas restée indifférente au mouvement républicain[1] ; elle n’oubliait pas que c’était à la Révolution que les juifs devaient leur émancipation. »

Aussi, en récompense de leur zèle, virent-ils avec orgueil apparaître pour la première fois, à la tête du gouvernement, quelques-uns des leurs :

« L’un d’eux, comme le disait Crémieux en 1859, était membre du gouvernement provisoire et ministre de la justice, c’est-à-dire de la sainteté parmi les hommes ; l’autre était ministre des finances, c’est-à-dire de la probité parmi les hommes. »

Ces deux juifs francs-maçons étaient Crémieux et Goudchaux. Achille Fould devait remplacer ce dernier aux finances en 1849, sous la présidence

  1. Léon Kahn : Les Juifs à Paris, p. 156.