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Tout à coup, un personnage d’une beauté étrange, au rire sardonique, se trouva à côté d’elle, assis sur la chaise voisine. Emilia ne l’avait pas vu venir ; il était là, comme ayant surgi par enchantement. Et, tandis que le prêtre poursuivait la célébration de la messe, le personnage mystérieux se pencha vers elle et lui parla à voix basse.

— Je suis votre meilleur ami, mademoiselle, lui dit-il. Je sais que vous êtes inquiète à propos de vos Pâques, et j’ai trouvé le moyen de vous tirer d’embarras.

Emilia le regarda, surprise. C’était un homme jeune, d’âge assez indécis, ayant entre vingt-huit et trente-deux ans ; ses cheveux d’or, longs, flottaient sur ses épaules ; il avait une maigreur qui ne l’enlaidissait nullement.

— Comment vous nommez-vous, monsieur ? lui demanda la jeune fille ; car je vous vois pour la première fois.

— Mon nom ne fait rien à l’affaire, répondit l’inconnu. Tout ce qu’il vous importe de savoir, c’est que mon plus grand désir est de vous être utile… Vous aimez les perles, les bijoux, les diamants ; en voici.

Et, en disant cela, il déposait sur les genoux d’Emilia des parures d’une richesse inouïe, des pierreries éblouissantes. Elle était heureuse, alors, et d’un sourire gracieux elle remercia cet inconnu.

— Oh ! fit celui-ci comme négligemment, je puis mettre à vos pieds tous les trésors de la terre ; je suis le roi de ce monde ; il n’est aucun monarque dont la puissance égale la mienne. Vous me plaisez beaucoup, mademoiselle, et je vous assure encore une fois que je suis votre meilleur ami.

— Je veux bien le croire, monsieur. Vous avez vraiment une grande bonté pour moi.

Elle contemplait avec admiration les cadeaux du personnage.

— Tout cela est à vous, reprit-il, je vous le donne.

— Oh merci !

— Et je vais vous indiquer comment vous pouvez tourner la difficulté en ce qui concerne vos Pâques… Tenez, en ce moment, nous sommes là assis : les fidèles sont tout à leur dévotion, ils ne prennent pas garde à nous, le prêtre non plus… Quand tout à l’heure il donnera la communion, est-ce qu’il saura si les fidèles qui viendront s’agenouiller devant lui se sont ou non confessés au préalable ?

— C’est vrai, il n’en saura rien.

— Eh bien ! de quoi donc vous inquiétez-vous, ô ma douce et bonne amie ?… Vous avez l’obligation d’accompagner votre mère à l’église ? allez-y. Le jour de Pâques, elle communiera, et elle serait étonnée si vous ne faisiez pas de même, n’est-ce pas ? Communiez avez elle, quoi de plus simple !…

Et, comme elle hésitait, il ajouta :

— Chère Emilia, croyez-moi, c’est un bon conseil que je vous donne là.