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décidé qu’une loge n’aurait pas le droit de refuser d’initier un juif pour le seul motif de son origine juive. La question avait été discutée, parce que jusqu’alors des ateliers recevaient des juifs et d’autres n’en voulaient à aucun prix ; il y avait des conflits à ce sujet, quand un maçon israélite se présentait en visiteur à une loge antisémite ; il fallait donc établir une règle, et le convent se prononça dans le sens du non-empêchement (nihil obstat). Déjà les juifs avaient commencé à s’introduire au sein de la franc-maçonnerie, bien accueillis par quelques loges ; un juif éminent, Martinez Pasqualis, avait créé un rite d’illuminés qui était adopté par de nombreux groupes maçons ; je vais en parler bientôt. Le convent de Wilhelmsbad éclaira la situation, fit cesser les conflits, imposa une règle, précisément parce que les hauts chefs de la secte savaient que les juifs seraient d’excellentes recrues pour leur œuvre maudite.

Non, il n’y a pas incompatibilité entre la qualité d’israélite pratiquant et celle de franc-maçon ; car qu’est-ce qu’un israélite pratiquant ?

Le juif sincèrement attaché, au fond du cœur, à la foi de ses pères, le vrai juif de synagogue, est très rare ; cette fidélité religieuse, — notez que je dis : religieuse, — est superficielle ; la foi n’existe plus que dans le clergé israélite. Le juif laïque accomplit les pratiques de sa religion sans conviction aucune, uniquement parce que ces pratiques le distinguent des autres hommes, parce qu’il tient à faire bande à part dans la société ; mais il fait bon marché du dogme, il est le premier à rire des sarcasmes impies que la mauvaise presse réédite sans cesse contre les pieuses croyances dont la Bible est le recueil divin. Au fond, le juif, au point de vue religieux, est sceptique ; il n’est attaché vraiment qu’à ce qui est matériel ; son sentiment intime est la haine du christianisme. Il y a chez les juifs solidarité de race, et non solidarité de religion, à moins de dire qu’à cet égard les israélites sont unis comme ennemis implacables de la religion catholique.

C’est là, en effet, ce qui domine en eux, et ils abandonnent volontiers le respect de Jéhovah et des patriarches bibliques, à raison de ce que les catholiques ont en vénération l’Ancien Testament. Leur vrai livre saint, ce n’est pas la Bible, c’est le Talmud.

Tel est le juif, pris en masse. Aussi, verra-t-il sans sourciller, dans une loge, les parodies sacrilèges de la Genèse (jardin d’Éden, tentation d’Ève, etc.) et de la belle légende de Judith. Dans sa famille, il célébrera les fêtes religieuses israélites, parce qu’elles lui sont une occasion de se retremper dans ses sentiments de séparatisme social. Il va à la Synagogue comme il va à la Bourse.

Au surplus, l’union des juifs dans la franc-maçonnerie, union qui est incontestable, est un fait de solidarité de race ; car là, ils fraternisent tous, juifs cabalistes, juifs sceptiques ou incrédules, juifs athées.

Le rabbin est infiniment rare dans les loges, je le reconnais, tandis que les pasteurs protestants y pullulent ; c’est là sans doute ce qui a trompé M. Léo