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        Je rêve, je rêve
  Qu’une voix m’appelle sans trêve !
  Je rêve d’un regard vainqueur ;
Je rêve que l’Amour m’a blessée au cœur !


L’Amour


        Succombe ! Succombe !
Le vautour divin a pris la colombe.
        Succombe ! succombe
  À l’Amour, plus fort que la tombe !
  Ouvre ton cœur, ouvre tes bras !
Succombe à l’Amour, divine colombe !
Succombe à l’Amour, par qui tu vivras !


Arrêtons-nous ici, et constatons, avec les rituels maçonniques en main, que Mlle  Holmès, dans sa poésie, est un écho fidèle des doctrines secrètes de la secte ; donc, elle les connaît. Nombre d’expressions employées par elle sont textuellement celles de la liturgie de la parfaite initiation. En maçonnerie androgyne, le verbe « succomber » est fréquemment employé, et exactement dans le sens que lui donne Ovide en ses poèmes licencieux. Quant au vautour qui prend les colombes, Mlle  Augusta Holmès a beau le qualifier de divin ; avec l’Église nous dirons que c’est, au contraire, le vautour diabolique.

Cette Ode Triomphale se termine par l’apothéose du génie de la Révolution. Or, Adriano Lemmi, dans son toast de Naples (19 décembre 1892), a dit clairement qui est, en réalité, le génie de la Révolution : Satan.

Que si quelqu’un trouve insuffisantes les citations que j’ai faites du style poétique sectaire et prétend qu’elles manquent de clarté, je les renvoie aux livres de MM. Léo Taxil et De la Rive ; ces deux auteurs ont publié des cantiques maçonniques qui ne laissent aucun doute. Pour moi, je suis allé à l’extrême limite de ce qu’on peut imprimer dans une publication comme celle-ci ; cette limite, je ne la franchirai pas.

Donc, on a bien compris maintenant quel est le rôle des diverses classes de sœurs maçonnes. Les pseudo-sœurs servent à masquer les autres ; l’ignorance qu’elles ont des mystères isiaques les pousse à prôner l’innocuité de la franc-maçonnerie ; elles répètent à qui veut les entendre que les loges sont calomniées, et, vu leur bonne foi, elles sont un excellent instrument de propagande. Les vraies sœurs servent à apprendre aux frères à se perfectionner dans l’art de vaincre leurs passions ; cachant avec un soin rigoureux leur affiliation, elles jouent encore un rôle au sein de la société profane : elles sont les espionnes attitrées de la secte. Les sœurs-chefs, en dehors de la direction des ateliers, travaillent à faire pénétrer les principes de la maçonnerie dans la société : quand elles ont du talent, on les met en vedette ; on bat la grosse caisse autour de leurs productions littéraires ;