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Eh bien, le curieux lira, dans ce manuel tout contemporain, quarante-deux pages consacrées à toutes les indications utiles aux frères servants pour la préparation de la salle aux tenues des grades du Rite d’Adoption, c’est-à-dire aux tenues androgynes. Il ne s’agit nullement d’un livre racontant ce qui se faisait autrefois, mais bien, je ne saurais trop y insister, d’un véritable vade-mecum des employés subalternes de la loge. L’auteur, écrivant en 1883, ne s’exprime pas au passé, mais au présent ; et, du reste, on comprend facilement que son chapitre consacré aux grades du Rite d’Adoption n’aurait, si ces grades ne se pratiquaient pas, aucune raison d’être dans un manuel destiné aux frères servants[1]

  1. Voici, au surplus, comment débute ce chapitre ; on verra, par ma citation, que le livre du F∴ Teissier n’est nullement un ouvrage d’histoire, un recueil de récits de ce qui avait lieu autrefois :
    MAÇONNERIE D’ADOPTION

    « La Maçonnerie des Dames, appelée Maçonnerie d’Adoption, tire son nom de ce que les Maçons adoptent, dans leurs travaux particuliers à ces grades, des dames auxquelles ils donnent connaissance des mystères qui font la base de cette Maçonnerie, qui est toute particulière.
    « Les Dames reçues à cette Maçonnerie s’appellent Sœurs. Une parfaite union, le plaisir de la fraternité, une tendre amitié et une réunion qui n’a pour principe que la charité envers ses semblables, ont déterminé les Maçons à leur donner ce doux nom.
    « Cet ordre consiste en cinq grades principaux. Les trois premiers qui sont : Apprentie, Compagnonne et Maitresse, sont obligatoires. Les deux autres sont appelés hauts-grades et ne sont que de satisfaction : ce sont la Maîtresse Parfaite et la Sublime Écossaise. Le fond de ces grades est tiré de l’Ancien Testament. »
    Après ce préambule, le FF∴ Teissier indique aux frères servants comment ils devront apprêter la salle pour les tenues à chaque grade :

    Apprentie Maçonne

    « Décoration de la Loge. — On se sert ordinairement du même local où se tiennent les assemblées d’hommes. La décoration restera la même que pour le grade d’Apprenti, c’est-à-dire même tenture, même autel, même dais et mêmes sièges. On mettra, en outre, sur les deux climats d’Afrique et d’Amérique, qui représentent les colonnes, deux rangs de tabourets ou banquettes.
    « La loge ne représente plus les quatre points cardinaux ; ce sont en place les quatre parties du monde… La loge est éclairée par cinq cassolettes pleines d’esprit-de-vin ; l’on en met deux à terre, aux deux côtés du tableau ; deux autres également à terre, l’une devant la sœur Grande Inspectrice et l’autre devant la sœur Dépositaire : la cinquième, sur l’autel de la Grande-Maîtresse. Le reste de la loge est garni de bougies à volonté.
    « Sur l’autel, il y aura une Bible et une épée nue : sous le dais, un transparent représentant une étoile à cinq rayons.
    « Titres. — La loge est présidée par la sœur Grande-Maitresse, assistée par le Vénérable ; la sœur Grande Inspectrice se place avec le frère Premier Surveillant, à la tête de la colonne d’Amérique, et la sœur Dépositaire avec le frère Second Surveillant, à la tête de la colonne d’Afrique. Les autres offices sont remplis par des sœurs nommées à cet effet, etc. »
    Voici maintenant les indications données par le F∴ Teissier au frère tuileur, gardien extérieur du temple, pour qu’il reconnaisse exactement les personnes qui se présenteront et ne laisse pénétrer aucun indiscret.
    Il donne le signe : « Le signe se fait en formant avec la main droite une ligne de haut en bas sur le côté droit de la poitrine, et l’on remonte de même du côté gauche, ce qui figure deux montants d’une échelle ; puis, avec la même main, on forme cinq traverses sur l’estomac en descendant la main à mesure, ce qui forme les cinq échelons. »
    Il indique l’attouchement : « On se présentera mutuellement la main droite ouverte, les doigts allongés, serrés les uns contre les autres, le bout des doigts en haut ; on s’applique ainsi les paumes de la main l’une contre l’autre, ce qui forme une jonction des doigts de la main droite de l’une avec les cinq doigts de la main droite de l’autre. »
    La batterie à frapper à la porte de le loge, pour pouvoir se la faire ouvrit par le garde intérieur : « Cinq coups égaux. »