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sous prétexte de propagande, les profanes des deux sexes sont admis sur invitation spéciale. Ils feront bien aussi de lire le livre de M. De la Rive, qui ne laisse aucun doute possible, surtout pour eux ; car si le lecteur non initié ne pout faire la distinction entre les vraies sœurs eltles pseudo-sœurs que cet auteur cite indifféremment, les francs-maçons, eux, la trouveront aisément ; ils verront là des noms de femmes, qui ne sont nullement des parentes de frères trois-points, et c’est surtout sur les dames citées comme profanes dans les comptes-rendus officiels qu’ils auront raison d’avoir l’œil, pour peu qu’elles se représentent plusieurs fois dans leurs fêtes. Je leur donne la clé du mystère ; à eux de s’en servir pour vérifier ; ils reconnaîtront facilement, à moins d’avoir les yeux bouchés, la parfaite exactitude de mes révélations.

Si, d’autre part, des profanes s’obstinent à douter encore, je ne saurais mieux faire que de leur recommander une expérience conseillée déjà par M. Léo Taxil ; c’est cette expérience qui a mis M. De la Rive sur la piste de toutes ses découvertes. Elle consiste à se procurer des collections de journaux secrets de la secte ; ce n’est pas chose impossible ; en tout cas, toute personne habitant Paris peut les feuilleter à la Bibliothèque Nationale. Si l’on ne veut pas perdre son temps à recueillir des noms, il suffira de se procurer le Manuel Général de Maçonnerie, par le F∴ Teissier, 33e. Ce livre, qui est d’usage courant en maçonnerie, n’est pas un antique bouquin du siècle dernier, que les Georges Bois et autres complaisants négateurs des turpitudes de la secte pourraient récuser comme rapportant des pratiques abandonnées aujourd’hui : c’est un livre tout à fait contemporain, imprimé pour la première fois en 1883 (imprimerie des FF∴ Putel et Désableau, à Pontoise) et figurant sur les catalogues des librairies maçonniques en cette présente année 1894.

On n’aura qu’à ouvrir ce livre à la page 243, et l’on sera pleinement édifié sur l’existence des loges androgynes à l’heure actuelle. Ce manuel est le vade-mecum dont les frères servants, les employés salariés des ateliers maçonniques, ont besoin pour faire leur service ; il leur indique, grade par grade, tous les accessoires nécessaires aux tenues, comment ils doivent orner et disposer le temple. « Les frères servants, écrit M. Léo Taxil, sont, en quelque sorte, les sacristains, les bedeaux de la loge ; il faut qu’ils sachent que, pour telle séance qui va avoir lieu le soir, il convient de placer l’autel de telle façon, d’allumer tant de flambeaux, de préparer tels cabinets comme ceci où comme cela. » Le manuel Teissier donne en outre un memorandum pour le frère tuileur qui garde extérieurement la porte du temple ; où lui rappelle les questions qu’il devra poser aux visiteurs qui se présenteront et les réponses que ceux-ci auront à faire, les formalités à remplir pour pénétrer dans le sanctuaire maçonnique, etc.