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Les frères qui ont pris l’initiative de la fondation ont alors d’assez fortes charges, s’ils sont dans une ville où il n’y a pas déjà une autre loge d’Adoption. Il est vrai que, d’ordinaire, dans la pratique, on tourne la difficulté en ayant eu soin de mettre dans l’affaire, parmi les cinq premières dames indispensables, au moins une riche veuve, avide de plaisirs et ne voulant pas se remettre dans les liens du mariage ; celle-ci, dont on flatte la vanité en lui promettant la présidence féminine de la loge, paiera les frais que l’on va voir, et qui pourtant, d’après les statuts (Rituel La Jonquière, page 9), sont à la charge exclusive des frères.

Les cinq premières dames ou demoiselles, qui vont être la souche féminine de l’atelier-annexe, ont à recevoir, avant tout, les trois premiers degrés de l’Adoption ; il faut qu’elles aient, toutes cinq, obtenu le grade de Maîtresse, pour que la nouvelle loge androgyne puisse commencer ses travaux. Les délais entre chaque grade sont, il est vrai, abrégés ; car la souveraine grande-maîtresse examinatrice ne s’est prononcée qu’à bon escient. Même, dans certains cas exceptionnels, après en avoir référé au pouvoir central et avec l’assistance du Kadosch qui est au nombre des neuf impétrants, elle a le droit de donner elle-même aux cinq candidates l’initiation jusqu’au grade de Maîtresse, en petit comité et avec la simple explication des rituels ; mais, je le répète, c’est là l’exception ; on trouve toujours un orient, pas trop éloigné, où fonctionne déjà une loge androgyne.

Les sœurs reçues ainsi dans un atelier auquel elles ne doivent pas demeurer attachées, ne sont pas annoncées sous leur nom lors de la triple initiation ; elles sont présentées par le Vénérable de la loge androgyne chargée de leur conférer les trois degrés ; en vertu d’un ordre du pouvoir central, le rapport favorable de la souveraine grande-maitresse du rite est lu à l’assemblée et supprime toute discussion, tout scrutin d’admission ; les frères de la loge initiatrice n’ont pas à connaitre ces nouvelles sœurs qu’ils ne reverront probablement plus et qui ont pour garant le pouvoir central lui-même.

L’initiation n’est donc, pour ces cinq sœurs, qu’une formalité, afin qu’elles se rendent compte des épreuves qu’elles auront à faire subir plus tard à leurs recrues. On reçoit leur serment ; elles ne sont proclamées que sous leur nom maçonnique ; car toute Maîtresse est gratifiée d’un pseudonyme qui seul figure en lettres claires sur son diplôme, le nom d’état civil n’y étant inscrit qu’en cryptographie. Il n’y a que le grand-maître et la grande-maîtresse, signataires du diplôme, qui connaissent par leur vrai nom les cinq nouvelles sœurs, destinées à faire partie d’un autre atelier. Enfin, ces réceptions-là n’ont lieu qu’en présence des frères et sœurs faisant partie du comité de la loge initiatrice, auxquels peuvent s’ajouter les neuf fondateurs de la nouvelle loge androgyne, s’ils habitent la même ville ou s’ils veulent bien se déplacer.

Après quoi, le pouvoir central valide les diplômes certifiant, pour les cinq