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Je ne suis pas franc-maçon, c’est vrai ; mais je suis allé chez eux : je sais ce qui se passe dans leurs réunions. J’ai assisté précisément à une tenue de maçonnerie blanche, et je puis attester que ces séances-là sont consacrées à des conférences bénignes, non à des délibérations criminelles. Je connais les tenues blanches, moi ; les cléricaux sont des calomniateurs !

Or, à raison de l’équivoque habilement créée, ce brave homme se tromperait, en confondant les deux sortes de tenues ; car « une tenue de maçonnerie blanche » n’est pas « une tenue blanche », pas plus qu’un « Souverain Grand Inspecteur Général », 33e degré de l’Écossisme, n’est un « Inspecteur Général en mission permanente », fonction, et non pas grade, de la haute-maçonnerie.

Sur le mot Adoption, la secte a multiplié les équivoques ; elle s’est fait un jeu de brouiller les opinions que des curieux profanes pourraient se former, en lisant ce mot, aujourd’hui dans tel compte-rendu officiel, demain dans tel autre. Si l’on n’a pas le fil d’Ariane, il est impossible de s’y retrouver dans ce dédale de mots d’argot maçonnique appliqués à des choses souvent opposées.

Un compte-rendu parlera d’une tenue d’Adoption ; un autre, d’une fête d’Adoption ; ailleurs, on lira, dans une nomenclature de rites, qu’il existe un Rite d’Adoption. Tout cela diffère, tout cela est distinct ; mais allez donc le deviner !

La « tenue d’Adoption », c’est la séance où l’on administre le baptême maçonnique aux louveteaux et louvetonnes ; les profanes, qui sont parents ou amis de la famille des enfants, y sont admis et ne peuvent rien y comprendre.

La « fête d’Adoption », c’est le banquet maçonnique, suivi de bal, auquel sont admis les Apprentis et ceux des frères pourvus d’un grade supérieur, mais à qui on laisse ignorer l’existence des loges androgynes ; à cette fête, se trouvent les pseudo-sœurs, et non les vraies sœurs maçonnes.

Le « Rite d’Adoption », c’est l’un des rites androgynes, celui qui est le plus répandu, le plus pratiqué dans la franc-maçonnerie. Les filles ou femmes initiées au Rite d’Adoption sont de vraies sœurs maçonnes.

Les pseudo-sœurs, ce sont les femmes et les sœurs de francs-maçons, à qui l’on décerne le titre de Sœurs, pour leur faire croire qu’on les met au courant de ce qui se passe dans les réunions de la secte. À celles-là, on n’impose nulles épreuves, aucune initiation graduée. On les invite, un beau jour, à un « banquet de tenue blanche », et là, avant le repas, on leur adresse un specch banal, bourré de compliments fades ; on leur dit qu’on leur fait grand honneur en les associant à la maçonnerie dont font partie leurs époux ou leurs frères ; finalement, on leur offre un cordon, que le mari ou le frère a payé. Les voilà reçues (?) définitivement, prenant part à