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bien mis au courant de ce qui se trame contre eux, et qu’un chrétien leur a montré tous les fils de la plus effroyable conspiration des temps modernes. Les critiques de détail et les contradictions haineuses m’importent peu. Je vais droit mon chemin, et je laisse au temps le soin de prouver que j’ai bien dit et écrit l’horrible mais exacte vérité.


Pendant que j’écris cette œuvre de longue haleine, les évènements se précipitent, m’apportant déjà leur témoignage.

J’ai commencé cette publication, tandis que le chef suprême de la haute-maçonnerie avait son siège à Charleston ; aujourd’hui, il est à Rome, en face du Vatican, guettant le moment favorable où il pourra en expulser le vicaire de Jésus-Christ.

Puisque le souverain pontife luciférien est maintenant un italien (Adriano Lemmi, depuis le 20 septembre 1893), j’ai donc eu raison de dévoiler tout particulièrement les manœuvres anticatholiques de la secte en Italie.

Toutefois, je dois à la vérité de dire que tous les francs-maçons italiens ne sont pas des sectaires forcenés. Il y a parmi eux des aveugles ; il y a des indépendants, comme Felice Cavalotti, dont j’ai parlé plus haut. Il y a même, mêlés à cette gauche du parlement de Montecitorio, des esprits droits, honnêtes, qui n’obéissent pas à la consigne du Palais Borghèse, qui ont courageusement combattu à la tribune les Lemmi et les Crispi.

Ainsi, il me paraît nécessaire d’en finir sur ce sujet en reproduisant ici une loyale déclaration, toute récente, du brave Imbriani, pour lequel je demande les plus ferventes prières de mes lecteurs.

On avait reproché à Imbriani de n’avoir jamais, lui député de l’extrême-gauche, jeté la pierre contre le clergé. « Vous siégez parmi nous, lui dit-on ; vous attaquez Lemmi et Crispi, et jamais vous n’avez un mot contre les hommes noirs. Vous êtes donc un faux-frère ? »

Voici ce qu’Imbriani a répondu par la voie de la presse :

« Trouvez-moi un prêtre, un vrai prêtre, qui ait jamais intrigué dans les banques, qui les ait bouleversées, qui ait plongé ses mains dans les caisses de l’État, qui se soit révolté contre la loi, qui ait livragué le monde, qui ait affamé et saigné le peuple, qui ait détruit la propriété, violé le domicile d’autrui, contribué à forger des lois exceptionnelles, et qui ait travaillé pour des alliances hybrides et dangereuses ;

« Donnez-moi un prêtre qui corrompe les électeurs et les fonctionnaires, qui tire sur de pauvres gens sans armes et affamés, qui vende sa conscience, sa plume et son influence au profit des chefs trafiquants de la politique, de la finance et de l’industrie ; donnez-moi un prêtre qui ait fait tout cela et tout le reste perpétré par les laïques, et aussi je vous traînerai ce prêtre devant la représentation de la souveraineté nationale, et je le couvrirai de tout mon mépris et de toute mon exécration, comme je le fais pour tous les autres.