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titieux fausse la consultation du peuple, en y introduisant des éléments Serviles, un esprit de discorde et l’arrière-pensée criminelle de se servir de la liberté pour l’anéantir.

« Il est donc nécessaire, avant tout, de réduire les antilibertaires, les suppôts du despotisme, à l’impuissance, jusqu’au jour où, la tyrannie sacerdotale ne pouvant plus avoir d’action sur eux, leurs esprits comprendront enfin la vérité.

« La loi, ainsi établie, doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Elle ne peut ordonner que ce qui est équitable, que ce qui est utile à la prospérité sociale, que ce qui est à l’avantage de tous. Elle ne peut défendre que ce qui est nuisible à la société. Toute loi, qui ne réunirait pas ces conditions, amènerait le retour à l’esclavage, et ne serait pas la loi.

« Dans la société, doit exister, pour le bien général, une administration ; les fonctions administratives ne sauraient constituer une supériorité de caste ou autre ; elles constituent simplement des emplois publics, auxquels tous les citoyens doivent être également admissibles.

« L’élection aux emplois publics doit être faite autant que possible par le suffrage du peuple. Pour les charges spéciales dont le choix des investis appartient naturellement aux administrateurs de la société, ceux-ci ne doivent investir des fonctions que les hommes à l’âme libre et distinguer parmi eux, pour leur donner la préférence, ceux qui sont les plus méritoires par les vertus et les talents.

« Par liberté, il faut entendre le pouvoir naturel qui appartient à l’homme de faire tout ce qui lui plaît sans nuire aux droits d’autrui. La liberté a donc pour principe la nature ; son unique règle est la justice ; la sauvegarde de la liberté de chacun, pris en particulier, est la loi, résultant du pacte social. La limite morale de la liberté est dans cette maxime : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait. »

« Ainsi, dans une société libre, il ne peut exister de prêtres de la superstition ; car, au nom de son dogme, le prêtre prétend s’opposer à ce que l’homme suive la voix de la nature, même si l’homme, en exerçant son droit, ne nuit en aucune façon à autrui. C’est pourquoi le prêtre de la superstition, étant l’ennemi-né de la liberté humaine, doit disparaître.

« Toute opinion tendant à développer le bien-être général dans la société affranchie du despotisme sacerdotal doit pouvoir être exprimée librement ; chaque citoyen a le droit de la manifester soit par la plume, soit par la parole, en un mot, de n’importe quelle manière. Là est la vraie liberté de la manifestation de la pensée. Mais la loi ne saurait tolérer que, par la presse ou autrement, des citoyens indignes de ce nom, étant, par faiblesse intellectuelle, enclins à désirer la servitude, puissent se livrer à une propagande des