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« Partout, nos FF∴ dirigent les cercles ouvriers anticléricaux ; l’organisation est merveilleuse ; partout, le flot monte et grossit chaque jour, et notre chère Maçonnerie tient les écluses ! »

Un document comme celui que je viens de reproduire n’a pas besoin de commentaire.

Il en est de même de celui qui va suivre.

Le 29 septembre 1883, Adriano Lemmi envoyait « aux FF∴ délégués secrets du Souverain Directoire Exécutif auprès des Cercles populaires anticléricaux d’Italie » une circulaire confidentielle, ainsi conçue :

« Il faut, par votre inspiration, faire mettre à l’étude dans les Cercles anticléricaux toutes les questions qui plaisent à l’ouvrier, et principalement celles qui entretiennent dans son cœur la haine de la superstition (lisez : du catholicisme). Cette haine est sainte, el il est nécessaire de l’attiser sans cesse.

« Multipliez les conférences.

« Que vos conférenciers, sans trop insister sur le rôle de la franc-maçonnerie, en fassent l’éloge, comme en passant ; qu’ils détruisent les préjugés existant contre nous, mais en termes discrets et adroits.

« Qu’ils abordent les plus hauts sujets, dans des entretiens familiers, et que, pour mieux conquérir l’affection du peuple, ils montrent l’ère de bonheur qui s’ouvrira pour l’Italie lorsque le pape n’en souillera plus le sol, lorsque les noms de cardinal, d’archevêque, d’évêque ne seront plus prononcés dans la patrie enfin délivrée des conspirateurs parricides.

« Le programme des sujets à traiter est vaste. Voici, cependant, ce qu’il faut dire aux auditeurs prolétaires :

« Le but de la société est le bonheur commun. On y arrivera par un gouvernement institué pour garantir à l’homme la jouissance de ses droits naturels. Par homme, nous entendons tout individu, sans distinction de sexe, faisant partie de l’humanité ; mais, en ce qui concerne la femme, il faut avant tout la soustraire au confessionnal, et c’est seulement lorsque son esprit sera dégagé de la superstition, que l’homme libre, trouvant enfin en elle une digne compagne, pourra par une législation sage lui assurer la jouissance des mêmes droits.

« Ces droits sont : l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.

« Devant la nature, tous les hommes sont égaux ; ils doivent l’être de même, devant la loi ; telle est l’égalité civique.

« Pour être juste et par conséquent devenir la règle supérieure des citoyens, la loi doit être l’expression libre et solennelle de la volonté générale ; mais il faut que la volonté de chacun des citoyens participant au pacte social soit vraiment libre, c’est-à-dire affranchie des erreurs imposées par la séculaire tyrannie des prêtres ; sans quoi, le suffrage des hommes supers-