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déplaisent. — Tout ce qui vient d’être exposé est connu, prouvé, avoué, et résulte des confrontations, récolements, etc. Le P. Le Brun (Histoire des pratiques superstitieuses, tome IV) publie plusieurs factums, tant des parties que du procureur de la Châtellenie, faits en vue de décider la Cour du Parlement de Paris à condamner l’infernale ligue des bergers du Berry à la peine du feu ou d’un bannissement à perpétuité[1].

Le même P. Le Brun raconte un fait qui eut lieu vers le même temps et « donna un grand branle au jugement contre ces bergers, outre l’ordre précis de Sa Majesté d’en faire justice. »

Le Président N*** étant à sa terre de M…, quand il était intendant de la généralité d’Orléans, vit, le lendemain des fêtes de la Pentecôte, dans la longue avenue qui mène au village, un homme marchant sur ses mains et ses genoux, les pieds levés en l’air. Celui-ci, qui était un des notables de l’endroit, lui exposa qu’un tisserand du village l’avait réduit dans ce pitoyable état, pour avoir refusé de lui prêter dix pistoles. Huit mois après, le maléficié, ayant vendu des bestiaux, lui porta les dix pistoles, en le priant de le guérir ; ce que fit le tisserand en lui donnant simplement un coup sur l’épaule, mais avec recommandation de n’en rien dire, notamment au curé. Le même jour, l’homme guéri étant allé à la messe, le curé le voyant guéri l’aborda, et lui, dans sa joie, sans penser à rien, lui conte tout. En s’en retournant, il trouva le tisserand qui lui dit : « Tu ne m’as pas tenu parole, tu t’en repentiras. » Dès la nuit suivante, ses jambes redevinrent sèches comme auparavant. L’intendant envoya deux hocquetons chercher le tisserand, et le menaça rudement de le faire punir s’il ne guérissait cet homme. Le tisserand, ainsi pressé, ne fit que se tourner, prononça quelques paroles, et à l’instant même, les jambes desséchées du malade « regrossirent », et il fut guéri.


Infestation de Maisons. — Le Presbytère de Cideville. Le procès qui se déroula au sujet de l’affaire de Cideville devant la Justice de paix de Yerville (Seine-inférieure), au commencement de l’année 1851, a eu trop de retentissement pour que je ne le résume pas ici. Je m’appuierai surtout, dans ce résumé, sur le récit de M. de Mirville, témoin oculaire des faits, et dont la véracité est au-dessus de tout soupçon[2]. Il tenait, du reste, à la disposition du public chez son éditeur Vrayet de Surcy, rue de Sèvres, n° 2, les dépositions officielles des témoins, dont il faisait partie.

Vers les premiers jours du mois de mars 1849, M. le curé de Cideville

  1. Ces faits sont rapportés par l’avocat Bizouard : Des rapports de l’homme avec le démon, tome II, pages 351-359.
  2. « Il n’y a pas un mot, dit M. de Mirville, dans le récit suivant, qui n’ait été solennellement prononcé à l’audience par un des vingt témoins assignés, ou qu’on ne soit prêt à affirmer aujourd’hui devant témoins. »