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préparatifs qui ont fait présumer qu’elles agissaient par correspondance sur quelques victimes ?… Un coiffeur, rue Saint-Honoré, était connu pour obséder occultement les femmes. Quand il n’avait pas réussi, il allait jusqu’à les frapper à distance ; les malheureuses se levaient toutes noires de coups et les jambes ensanglantées par ses égratignures. »

On trouvera dans le Journal du Magnétisme, n° du 23 août 1849, le récit, trop long pour être inséré ici, d’une longue obsession magnétique, examinée par les membres de l’Athénée de Lyon, dont le rapport, adressé à Du Potet, attribue à la magnétisation tous les symptômes du maléfice diabolique. Le célèbre magnétiseur ordonna, pour la guérison du patient, des passes magnétiques, qui furent sans succès.

On connaît les terribles phénomènes produits par l’agent occulte des nègres Vaudoux, nommé par eux Mandigoës-Obi, qui, sous forme d’épidémie périodique, décime les populations de Saint-Domingue et d’autres îles des Antilles. D’après l’abbé Bertrand, cette secte meurtrière est une espèce de confrérie pratiquant un culte satanique originaire d’Afrique. Ce culte offre de grandes analogies avec celui des sorciers au sabbat. « La scène, dit M. de Mirville, se passe au fond le plus impénétrable de la forêt, sur la plus ardue des montagnes, sur le bord des volcans ou dans les marais pestiférés. L’appel nominal des fidèles, la constatation de la présence de l’Obi, l’apport du sistre et de la chaudière, l’égorgement d’une chèvre qui doit s’offrir d’elle-même à son bourreau et mourir sans pousser un seul cri, la danse orgiastique, l’agenouillement devant des serpents, des hurlements épouvantables, des actes d’une infamie révoltante, et trop souvent, dit-on, l’immolation d’un enfant, voilà tout le programme de la fête mystérieuse, pendant laquelle on inscrit tous les noms désignés à la vengeance. »

Un européen habitant la Jamaïque, M. Lond, dans la Bibliothèque Britannique (tome IX), fait le récit suivant :

« Il n’y a que les noirs nés en Afrique qui connaissent les pratiques d’Obi Tous les nègres, soit africains, soit créoles, ont la foi aux sorciers. C’est à eux qu’ils ont recours dans toutes les occasions importantes. Ces magiciens vendent à différents prix des préparations enchantées. Le nègre le plus hardi tremble devant le paquet de haillons et les coquilles d’œuf que la sectateur d’Obi à suspendus à une branche d’arbre pour écarter les maraudeurs. Lorsqu’un nègre se persuade qu’Obi le cherche, il se regarde comme perdu : il n’a de ressource alors que dans l’art d’un sorcier plus habile que celui qui le poursuit.

« Les composants ordinaires des préparations d’Obeah sont du sang, des plumes, des becs de perroquet, des dents de chien ou d’alligator, des bouteilles cassées, de la terre de tombeaux, du rhum, et des coquilles d’œuf.

« Nous tenons les faits suivants d’un planteur de la Jamaïque, d’une véracité reconnue.