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a la vertu de rendre invisible celui qui la porte ; quand on veut être vu, il suffit de rentrer la pierre en dedans de la main que l’on ferme. » — Le même anneau se fabrique aussi avec de petites tresses formées des poils qui sont au-dessus de la tête de l’hyène.

Charme d’invulnérabilité. — Dans le Finistère, les vieux sorciers indiquent à leurs clients celui-ci : on place secrètement sur l’autel quatre pièces de six liards, qu’on pulvérise après la messe ; et cette poussière, avalée dans un verre de vin, de cidre ou d’eau-de-vie, rend invulnérable.

Charme pour l’évocation. — D’après le Grimoire, dit Grimoire du pape Honorius (basé sur la doctrine de Simon-le-Magicien et des gnostiques), ce charme consistait dans le sacrifice d’un coq noir[1]. « Après le lever du soleil, dit ce Grimoire, on tuera un coq noir, et on prendra la première plume de l’aile gauche, qu’on gardera pour s’en servir dans son temps. On lui arrachera les yeux, la langue et le cœur, qu’on fera sécher au soleil, et qu’on réduira ensuite en poudre. Au soleil couchant, on enterrera le reste du coq en un lieu secret. Le mardi, à l’aube du jour, le nécromancien mettra sur son autel la plume du coq, laquelle sera taillée avec un canif neuf, et il écrira sur du papier blanc et net, avec le sang de Jésus-Christ (du vin consacré), les figures représentées (pages 8 et 9 de l’édition de 1760). »

Charmes pour exciter les orages et faire tomber la pluie. — Pour obtenir ces effets, les sorcières n’ont qu’à battre l’eau avec des verges et y jeter une certaine poudre qui leur vient directement de Satan. La fameuse sorcière Françoise Secrétain, dont Boguet raconte au long l’histoire, avoua dans le cours de son procès, qu’elle avait, au Sabbat, battu l’eau pour la grêle. Les cérémonies, danses et abominations du sabbat terminées, Satan exhortait ses fidèles à nuire de toutes leurs forces à leur prochain : « Vengez-vous ou vous mourrez. » Il leur faisait promettre de gâter et de perdre les fruits de la terre, et leur distribuait des poudres et des graisses propres à cet effet. Finalement, levant sa queue, il laissait tomber sous lui des graines noirâtres, en chapelet, puis des poudres fort puantes. De grandes pièces de toile déployées recevaient ces crottins précieux, destinés à infecter l’air, à troubler les éléments, à stériliser la terre. D’autres fois, le diable Léonard se consumait en feu et se réduisait en cendres, que les sorciers et sorcières recueillaient précieusement, et mettaient en réserve pour leurs maléfices.

Boguet raconte à ce sujet le fait étrange que voici :

« Une jeune fille, âgée de huit ans, au diocèse de Trèves, se trouva à certain jour en un jardin avec son père, où elle plantait des choux d’une si grande dextérité pour son âge, que son père ne se put tenir de l’en louer ; mais elle répondit à l’instant qu’elle savait bien faire d’autres choses. Et sur

  1. Ce grimoire, que la malice diabolique des magiciens eut le cynisme d’attribuer à un pape, fut publié pour la première fois en 1670.