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Après cela, j’ai bien le droit de dire :

Si M. Jules Buis est un égaré, un instrument inconscient du diable, un simple possédé qui se croit un mage ayant l’inspiration divine, l’autre Bois, le Georges Bois qui se dit catholique abuse étrangement de la confiance de ses lecteurs en faisant passer à leurs yeux pour un indifférent et un sceptique son homonyme l’occultiste dogmatisant et pratiquant, le croyant en Satan futur Messie, l’initié convaincu, disciple de Boullan l’apostat.

Et une question se pose à l’esprit de quiconque n’est pas de parti-pris :

Quel intérêt M. Georges Bois a-t-il à sophistiquer à ce point la vérité ? Quel but poursuit-il, à quelle mystérieuse consigne obéit-il, en dissimulant avec une opiniâtreté inouïe l’œuvre puissante du satanisme dans la société moderne, en s’efforçant de discréditer de toutes manières (heureusement sans y réussir) tout homme qui vient déchirer les voiles du magisme infernal de notre époque et mettre en garde la chrétienté contre une organisation ténébreuse, l’âme de toutes les sectes anticatholiques et en particulier le moteur occulte de la franc-maçonnerie ? Oui, quel est le ressort caché de cette conduite incompréhensible ? Voilà ce que se demandent ceux qui apprécient ma campagne contre les sectateurs de la religion luciférienne, en considérant, d’autre part, les moyens déloyaux employés pour la faire échouer[1]

  1. Un de mes abonnés m’envoie un exemplaire du journal l’Éclair, numéro portant la date du jeudi 18 mai 1893, où se trouve, aux faits divers, un entrefilet révélant l’existence d’une société de plaisir, non secrète évidemment, mais peu connue, dont je demande pardon à mes lecteurs de reproduire le nom. Cette société, qui fonctionne à Paris, s’appelle : les Bons Bougres, et a, parait-il, un banquet annuel.
    « Le déjeuner annuel des « Bons Bougres », dit l’Éclair, a eu lieu hier avec une joyeuse animation. Parmi les convives : MM. Deschamps, président du Conseil général ; Albert Pétrot, conseiller municipal ; Paul Vivien, président de la Ligue de l’intérêt public ;… nos confrères Charles Raymond, Joseph Gayda, Georges Bois, les acteurs Paul Mounet, etc. »
    Je n’irai pas jusqu’à dire que cette société des Bons Bougres est un triangle luciférien, ni même une émanation de loges maçonniques, non certes ! Sauf erreur, nous avons affaire là tout simplement à un groupe de joyeux vivants, pour employer le terme boulevardier. Mais il n’empêche que les sociétaires comptent parmi eux des francs-maçons notaires : le F∴ Deschamps, qui est ou a été vénérable de loge, et qui appartient certainement au Grand Orient de France ; le F∴ Vivien, maçon des plus actifs, lui aussi, vénérable de la loge Droit et Justice, également du Grand Orient de France ; le F∴ Albert Pétrot, aujourd’hui député, Rose-Croix, vénérable d’honneur, membre et secrétaire du Conseil de l’Ordre, toujours au Grand Orient de France.
    D’autre part, il est à remarquer que l’Éclair à imprimé « Georges Bois » et non pas « Jules Bois ».
    Il est à remarquer encore que M. Georges Rois (le rédacteur de la Vérité, journal catholique) dans son volume intitulé Maçonnerie nouvelle du Grand Orient de France, à falsifié les documents qu’il a reproduits concernant les convents de 1889, 1899, 1891 ; que ces falsifications consistaient à enlever les noms de francs-maçons militants se trouvant au cours des documents maçonniques officiels et à les remplacer par des désignations incompréhensibles pour le public, lui cachant ainsi les personnalités (une longue nomenclature de ces falsifications a été publiée dans le 1er  numéro de la Revue mensuelle, religieuse, politique, scientifique) : que ces falsifications sont d’autant plus coupables, que, dans son livre même, M, Georges Bois déclare qu’il faut publier les noms des francs-maçons, « afin que les catholiques sachent qui ils ont devant eux » (page 514); qu’il a été obligé, pris sur le fait, ne pouvant nier, d’avouer ces falsifications (Vérité, n° du 5 février 1895) ; que le Saint-Siège prescrit l’obligation