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La querelle se termina par des duels entre le mage noir et les deux mages blancs ; les trois occultistes vivent encore.

Ainsi, cette étrange affaire a permis au public de constater l’existence de ces sectes diaboliques, en plein Paris, au dix-neuvième siècle. En vain, les rares adversaires qui se sont élevés contre moi dans la presse catholique s’efforcent de représenter les Jules Bois et Huysmans comme de simples observateurs, comme des hommes qui se bornent à étudier l’occultisme en interrogeant ses adeptes ; c’est là une hypocrisie nouvelle, une manœuvre pour dissimuler aux catholiques le travail souterrain de nos satanistes modernes.

Je ne citerai qu’un exemple de cette supercherie ; mais il est caractéristique.

Voici comment M. Georges Bois apprécie son homonyme Jules Bois, l’occultiste :

« Le scepticisme de M. Jules Bois est aux antipodes de la foi catholique. Mais on ne saurait lui contester sa compétence et son expérience des choses de l’occultisme ; c’est un spécialiste d’une autorité reconnue… M. Jules Bois publie sur l’occultisme une série d’études : les Petites Religions de Paris. Après avoir parlé du bouddhisme, il vient au luciférianisme et à l’essénianisme. Sa méthode consiste à écouter les praticiens de ces diverses spécialités et à résumer ses interwiews avec la plus indifférente et la plus sceptique exactitude. » (Extrait de la Vérité, n° du 5 mars 1894.)

Eh bien, là encore comme toujours, M. Georges Bois ment, trompe ses lecteurs sciemment ; c’est une habitude invétérée, une seconde nature.

M. Jules Bois n’est nullement un sceptique, un indifférent ; c’est un occultiste passionné, qui se bat en duel pour ce qu’il appelle « protéger une idée », l’idée, c’est-à-dire la doctrine absolument satanique de son maître et ami le magicien Boullan, prêtre apostat et sacrilège ! Il est le défenseur d’une école où les Saintes-Espèces sont profanées quotidiennement de la façon la plus odieuse, sous prétexte de médecine mystique. Il se proclame mage, ce qui n’est certes pas une déclaration de scepticisme.

M. Jules Bois n’est pas palladiste ; il ne voit pas en Lucifer le principe du Bien, l’égal du Dieu des chrétiens et son antagoniste finalement vainqueur. Non, il ne va pas jusque-là. Il ne tient pas le Christ pour un descendant de Baal-Zéboub, traître à sa mission sur terre et justement mis à mort ; mais, pour lui, Jésus est un magicien, dont les préceptes ont du bon, comme ceux d’autres magiciens, Simon, Apollonius de Tyane, qu’il met sur le même pied que le Christ. Julien l’Apostat est, pour lui, Julien le Sage. Quant à Satan, c’est un révolté, qui sera pardonné par Dieu, et voici comment : Dieu lui enverra un jour une femme surnaturelle, Psyché ; Satan en deviendra épris ; ce mariage régénérera Satan, et il sera alors le vrai Messie qui fera triompher le règne de Dieu dans toute l’humanité.