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M. de Rochas, il faut, tous les lundis, dès le septième coup du midi sonnant, s’enduire le corps, sur les tempes, autour du cou et dans la région du cœur, d’un liniment composé d’essence de térébenthine et d’hostie adonaïte consacrée, réduite en poudre ; en faisant cette friction, on répètera tout le temps le vrai J∴ B∴ M∴ (Jesus Bethlemitus Maledictus). Au surplus, chacun des autres jours de la semaine, on demeurera, sitôt levé du lit, trois minutes en tenant le pouce replié et caché dans la main, tant pour la main droite que pour la gauche, et l’on dira à haute voix en grec la formule de la sixième heure, telle que la donne le divin Apollonius de Tyane, dans le Nuctéméron, formule qui s’interprète ainsi : « L’esprit se tient immobile ; il voit les monstres infernaux marcher contre lui ; et il est sans crainte. » En suivant fidèlement ces prescriptions, on aura l’invulnérabilité garantie contre tous les assauts quelconques de l’envoûteur, et, le trente-troisième jour, le volt photographique aura perdu toute puissance maligne définitivement. »

Un certain nombre de spirites pratiquent encore l’envoûtement dit à l’esprit volant.

M. Édouard Dubus l’a fait connaître, en ces termes :

« L’envoûtement moderne, dit à l’esprit volant, diffère absolument des envoûtements anciens. Il vous faut, pour l’exécuter, avoir à votre disposition un sujet hypnotisé, dont le corps astral (de nature fluidique) abandonne, sur votre ordre, le corps matériel et soit dirigé par votre volonté vers votre ennemi.

« Le corps astral, ainsi extériorisé, ou bien pénètre la victime qui lui est désignée et l’étouffe par sa seule pénétration, en arrêtant, par exemple les mouvements du cœur ; ou bien il l’empoisonne au moyen des toxiques que vous avez eu l’art de volatiliser.

« L’opération terminée, vous réintégrez dans le corps matériel de votre sujet son corps astral, et vous le réveillez.

« Certains magiciens, craignant des indiscrétions possibles, s’adressent à un corps astral déjà désincarné, c’est-à-dire au corps astral d’un mort. »

Je ne saurais mieux en finir avec cette question de l’envoûtement qu’en rappelant une vive polémique qui eut lieu, il y a un an, entre occultistes parisiens, de deux groupes ennemis, au sujet de la mort d’un certain abbé Boullan, dont le nom n’est pas inconnu aux adeptes du Palladium. Il est même utile de consacrer quelques pages à cette affaire ; car elle se produisit au moment où l’attention du public était surtout fixée sur les découvertes scandaleuses relatives au Panama, ce qui la fit passer inaperçue de beaucoup, et franchement elle mérite d’être mentionnée dans un ouvrage traitant la question du diable au dix-neuvième siècle.

C’était au plus fort des scandales parlementaires, tandis que les députés s’accusaient les uns les autres d’avoir reçu des pots-de-vin fantastiques, au moment précis où l’on arrêtait l’ex-ministre Baïhaut.