Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prédécesseurs, à Simon le magicien ou à Apollonius de Tyane, qui, eux aussi, se glorifiaient de ressusciter les morts.

Ces extraits textuels, qui viennent d’être empruntés à sa Magie dévoilée, suffisent pour démontrer quelle est la vraie source des prodiges qui remplissent ce livre, source du reste dont on ne saurait douter quand on entend Du Potet lui-même faire cet aveu candide :

« Ce que nous ont enseigné les Mesmer, les Puységur et les Deleuze, est certainement, sous d’autres noms, ce que les Écritures condamnent, et ce que les anciens prêtres de notre religion poursuivaient sans miséricorde et sans pitié. » (Journal du Magnétisme, ix, 27.)


B. — ENVOÛTEMENTS


L’envoûtement consiste proprement à faire languir ou dépérir à distance le maléficié, à l’aide d’une image à laquelle on fait subir les sévices et tortures qu’on veut infliger au patient. Il suffit à un adepte du satanisme de façonner une figurine de cire, de plomb, de terre ou de laine représentant grossièrement le personnage voué aux tourments ou à la mort. Il n’a qu’à piquer ces images avec des épingles ou à les taillader avec un poignard, pour qu’aussitôt, à quelque distance que ce soit, la personne représentée en ressente les effets dans sa propre chair. S’il expose au feu la figure de cire, à mesure que la chaleur la fait fondre, la personne représentée dépérit insensiblement, et quand la cire est fondue, meurt avec elle. Telle est, du moins, la théorie de l’envoûtement.

Il y a dans tout envoûtement deux parties essentielles : le volt (de vultus, image), et l’exécration magique.

Cette espèce de maléfice, comme tous les autres, remonte aux époques les plus lointaines de l’histoire ; il n’y a de différence que dans les rites observés chez les différents peuples qui l’ont pratiqué et le pratiquent encore. Il se trouve dans l’incantation chaldéenne que j’ai citée ; « celui qui forge l’image » y est maudit à côté de l’enchanteur et de l’œil mauvais. Le texte de Platon, qu’on a lu plus haut, ne laisse aucun doute sur l’emploi vulgaire que l’on en faisait de son temps en Grèce.

Les missionnaires l’ont retrouvé vers 1864 dans l’Amérique centrale, aux Îles Marquises et en Chine. Les rites observés aujourd’hui encore dans la province de Canton, à Kouaï-Thao, offrent une singulière analogie avec ceux dont parle Platon : ils consistent à faire mourir des personnes à distance au moyen de figurines de terre de très petite dimension (représentant ordinairement des porcs), que l’on dispose sur des tombes ou dans des maisons, après que les figurines ont reçu une sorte de bénédiction de la part des bonzes.