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produisirent diffèrerait trop peu de celui-ci pour que je doive l’ajouter à cette narration déjà peut-être un peu longue. Mais le résultat de ces deux autres évocations fut pour moi la révélation de deux secrets cabalistiques, qui pourraient, s’ils étaient connus de tout le monde, changer en peu de temps les bases et les lois de la société tout entière. »

Au sujet de cette apparition, ma conclusion sera comme pour toutes celles de ce genre ; c’est le diable, le diable seul, que le F∴ Constant a vu et touché.


Le second fait dont je veux dire quelques mots ne constitue pas une apparition, à proprement parler ; mais il démontre nettement que les phénomènes du spiritisme sont dus uniquement à l’intervention diabolique.

On sait que les spirites se servent de n’importe quoi pour obtenir l’action de leurs prétendus esprits ; les tables mêmes ne leur suffisent pas, on en est arrivé jusqu’à entretenir une conversation extra-naturelle avec une pipe ou avec un chapeau. On sait aussi que le spiritisme est en honneur chez la plupart des francs-maçons des hauts grades.

Donc, ceci s’est passé, encore à Londres, mais non plus dans un oratoire magique privé. L’époque n’est pas éloignée, comme on va le voir. Les spectateurs sont des francs-maçons anglais et américains, et je me hâte de dire que je tiens le renseignement de quelqu’un dont j’ai fait la connaissance dans les triangles et qui ne m’a jamais trompé.

Personne n’ignore aujourd’hui la scission qui s’est produite dans la haute-maçonnerie, entre les chefs secrets qui tiennent pour que la direction suprême demeure à Charleston et les autres chefs qui considèrent comme acquis le vote du 20 septembre 1893, ayant transféré cette direction à Rome et dans les mains du grand-maitre italien Adriano Lemmi. Au Suprême Conseil du rite écossais siégeant à Londres, on approuve le transfert ; mais, néanmoins, les rapports ne sont pas brisés avec les partisans de Charleston. Les délégués américains, même ceux qui font opposition à Lemmi avec le : plus de violence, sont les bienvenus, chaque fois qu’ils se présentent ; on les accueille avec honneur et cordialité. C’est à Londres que les opposants ont établi leur comité de permanence ; c’est de Londres qu’est partie leur « voûte de protestation. »

Or, quelques séances de spiritisme ont eu lieu au siège du Suprême Conseil écossais pour l’Angleterre et le pays de Galles, au Freemason’s Hall de Great-Queen-street ; les maçons londoniens profitaient de la présence de leurs frères des États-Unis, dont plusieurs sont réputés pour leur puissance en médiumnité. Quelle belle occasion de se livrer aux exercices favoris des arrière-loges ! Rien ne pouvait si bien distraire ces messieurs et ces dames de leurs intrigues pour ou contre l’antipape du palais Borghèse.

Aussi s’en est-on donné à cœur-joie, m’a-t-il été affirmé, dans les derniers jours de novembre et les premiers de décembre surtout.