Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ternaire ou l’unité est rigoureusement requise pour nos rites magiques, je fus laissé seul.

« Le cabinet préparé pour l’évocation était pratiqué dans une tourelle. On y avait disposé quatre miroirs concaves, une sorte d’autel, dont le dessus de marbre blanc était entouré d’une chaîne de fer aimanté ; sur le marbre blanc était gravé et doré le signe du pentagramme, et le même signe était tracé, en diverses couleurs, sur une peau d’agneau blanche et neuve qui était tendue sous l’autel. Au centre de la table de marbre, il y avait un petit réchaud de cuivre, avec du charbon de bois d’aulne et de laurier ; un autre réchaud était placé devant moi sur un trépied.

« J’étais vêtu d’une robe blanche assez semblable aux robes des prêtres catholiques, mais plus ample et plus longue, et je portais sur la tête une couronne de feuilles de verveine entrelacées dans une chaîne d’or. D’une main je tenais une épée neuve et de l’autre le Rituel.

« J’allumai les deux feux avec les substances requises et préparées, et je commençai, à voix basse d’abord, puis en élevant la voix par degrés, les invocations du Rituel. »

Dans son récit, le F∴ Constant ne donne pas le texte de ces invocations ; mais ailleurs, il reparle de cet incident de sa vie, et il dit :

« Lors de notre évocation d’Apollonius de Tyane, nous avons pris pour rituel la Magie Philosophique, de Patricius, contenant les dogmes, de Zoroastre et les ouvrages d’Hermès Trismégiste ; nous lûmes à haute voix le Nuctéméron (d’Apollonius), en grec, et nous y ajoutâmes la conjuration suivante :

« Boulès d’o pater pantom, kaï kathégétès o trismégistos Ermès. Iatrikès d’o Asclépios o Ephaïsthou. Ischuos te kaï momès palin Osiris mé d’om o teknon autossu. Philosophias dé Arnébaskévis. Poïétikès dé palin o Asclépios, o Imouthès.

« Outoï t’a krupta, phusin Ermès, ton émon épignoson. Taï grammaton panton, haï diacrinousi, khaï tina ménantoï kateschosin a dé kaï pros euergésias dnéton phthaneï, sélaï haï obélishoïs charadsosin.

« Magéian, o Apollonios, é Apollonios, o Apollonios didaskéis tou Zoroastron tou Oromadsou, esti dé touto, théon thérapéia. »

Reprenons le récit de l’évocateur.

« La fumée s’étendit, dit le F∴ Constant ; la flamme fit vaciller tous les objets qu’elle éclairait, puis elle s’éteignit. La fumée s’élevait blanche et lente sur l’autel de marbre ; il me sembla sentir une secousse de tremblement de terre ; les oreilles me tintaient, et le cœur me battait avec force.

« Je remis quelques branches et des parfums sur les réchauds, et, lorsque la flamme s’éleva, je vis distinctement, devant l’autel, une figure d’homme plus grande que nature, qui se décomposait et s’effaçait.