Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la preuve dans les révélations spirituelles de l’époque où nous vivons. » (Hume, Les lumières et les ombres du Spiritualisme.)

— « Dieu créant sans cesse, il y aura sans cesse des âmes qui s’écarteront de la voie du bien et encourront les châtiments ; c’est en ce sens seul que l’enfer est éternel. » (Dr Grand, Lettre d’un catholique sur le Spiritisme.)

— « Satan n’est point un être distinct, c’est la personnification du mal et de tous les mauvais esprits. » (Allan-Kardec.) En d’autres termes : Satan n’existe pas.

Définition lumineuse du diable : « Le diable n’est que la contingence réfractaire du désaccord de vos activités désassorties. » (Toast porté à Hume dans le banquet qui lui fut offert par les spirites de Paris après son expulsion de Rome.)

— « Pourquoi Dieu a-t-il créé le paradis et l’enfer? — Afin que l’un sauve de l’autre.

« Quelle est la distance qui les sépare ? — D’après Johanan, c’est un mur ; d’après Aha, c’est une palme : d’après d’autres docteurs, c’est un doigt seulement. Maïmonides nous affirme nettement que l’enfer n’est qu’un mot pour exprimer les douleurs et les tortures morales… Le feu ne peut rien sur l’âme, puisqu’elle est un être spirituel. » (Revue spiritualiste, 1864.)

— « L’enfer se trouve dans l’âme du méchant. » (Ibid.)

— « Toute chose maudite ne sera plus, » dit l’Apocalypse, XX, 11-13 ; or, s’il est quelque chose qui soit maudit, c’est Satan et ses anges ; ils ne le seront donc plus lorsque le moment sera venu. » (Ibid.)

« Le Satan manichéen, tel que l’enseigne l’Église catholique, n’existe pas. » (Revue spiritualiste, 1864.) Cette fois, le mot y est en toutes lettres.

On sait que le chef-d’œuvre de Satan, en notre siècle, c’est de s’être fait nier lui-même ; il a à cœur le mot de Voltaire : « Faites-moi croire au diable, et je croirai à tout le surnaturel chrétien. »

— « Qu’on ne confonde pas notre théorie avec celles des religions qui ont inventé un paradis ou un enfer, récompensant ou punissant éternellement une existence vertueuse ou criminelle. Le ciel, atteint par une individualité, est exactement adapté à ses capacités ; car le ciel est sa propre création, l’œuvre de ses aspirations et de ses facultés. » (Jules Lermina.)

— « Le Nirvana, but de toute âme à travers la série des réincarnations, est un état de bonheur illimité qui se perfectionne toujours ; c’est un ciel qui progresse en spirale, sans cesse. » (Arthur Arnould.)

— Dialogue entre un esprit et un médium : « Qui donc es-tu ? — Je suis le démon. — Et que me veux-tu ? — T’avoir. — Mais tu n’as point toujours parlé de la sorte ; tu prétendais souffrir, tu te donnais pour une âme, et tu parlais comme un enfant de l’Église. — Eh bien, ne fallait-il pas d’abord parler votre langage ? C’est afin de ne point trop brusquement vous offusquer, que je cheminais en apparence dans l’ornière des préjugés catholiques. Si j’ai menti, je veux dire vrai : le purgatoire n’est pas… — Et l’enfer ? — L’enfer est moins encore. — Quelle est donc la loi de l’éternelle justice ? Quel est le lieu de l’éternelle miséricorde ? — L’une est le ciel, et l’autre est le ciel encore. — Le criminel et l’innocent éprouveront donc à jamais le même sort ? Nulle différence n’est donc après la mort entre la victime et le bourreau ? — Non, sans doute ; cela vous étonne ici-bas : mais en vérité, la différence est nulle. — Et quel est donc le nom du Dieu de ce monde et de ce ciel ? — Fatalité. »