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avec une violence singulière certaines doctrines d’Allan-Kardec, mais pour y substituer les siennes, qui ne valent guère mieux (on le verra plus loin). Il a, du reste, pour Allan-Kardec, un mépris transcendant qui s’explique tout naturellement par ce seul mot : « Allan-Kardec n’était pas médium. » À ce propos, il raconte le fait suivant dont il « atteste la vérité » :

« Avant même que j’eusse pu savoir la mort d’Allan-Kardec, je reçus de lui, en présence du comte de Duaraven, alors vicomte Adare, un message ainsi conçu : « Je regrette d’avoir enseigné la doctrine spirite. Allan-Kardec. »

On sent que ces invectives de Hume contre Allan-Kardec ne sont de sa part que l’effet de la jalousie de métier ; Hume ne pouvait lui pardonner le succès immense de ses livres et de sa propagande. La doctrine qu’il oppose aux absurdités d’Allan-Kardec n’est autre chose que l’enseignement bouddhiste, tel qu’il est encore aujourd’hui pratiqué dans le Thibet. On rencontrera plus loin un passage du livre de Hume qui ne laisse aucun doute sur son opinion touchant la destinée des âmes après la mort. Pour étayer la négation de l’enfer, il va jusqu’à invoquer cette parole du Christ dans l’Évangile : « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; j’y vais préparer une place pour vous. »

C’est la France qui possède les ossements d’un des plus grands magiciens du dix-neuvième siècle. Hume mourut à Auteuil, le 21 juin 1886, et fut enseveli à Saint-Germain-en-Laye. Il pourrait bien se faire qu’un jour ou l’autre nous voyions se reproduire sur son tombeau des phénomènes analogues à ceux du cimetière Saint-Médard.

Les biographes de Hume voient dans sa vie « un prodige inexplicable ». Rien ne s’explique mieux pourtant, quand on connait l’habile rôle joué par Satan dans toutes les manifestations surnaturelles de notre siècle, si bien faites pour déconcerter la science et séduire les âmes égarées hors des chemins de l’Église.

Un point important n’aura point échappé au lecteur ; ce sont les efforts désespérés de Satan pour s’introduire au sein du bercail catholique et amener, si cela était possible, les chefs du troupeau de Jésus-Christ à tolérer et à autoriser la nouvelle religion qu’il voudrait implanter dans le monde. Mais le pasteur suprême est là qui veille, et Dieu ne permettra pas que soit vaine la parole de son Fils : « Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre mon Église. » S’il permet à Satan de s’affubler quelquefois de la houlette, il le force aussi à se trahir et à se montrer tel qu’il est, la bête meurtrière et féroce, cherchant qui dévorer. Lisez le récit de ces deux faits.

Le vicomte de Meslon fut longtemps en rapport avec un guéridon qui se disait animé par l’âme de son frère aîné défunt. Intelligence, divination, zèle, piété, dévotion, rien n’y manquait. Un jour, une petite table chiffonnière,