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de plus près le buste, dit ensuite en se tournant vers la comtesse : « Dans quelque temps, votre frère subira un grand malheur, et ce malheur le délivrera de ses ennemis. »

« La prédiction s’est réalisée : le comte de P*** perdit, quatre mois après, dans la banqueroute de M. Thurneyssen, une grande partie de sa fortune. »

Un autre prodige, la guérison instantanée d’un enfant sourd depuis quatre ans par suite d’une fièvre typhoïde, rappelle les plus grandes merveilles diaboliques d’Apollonius de Tyane, à qui, du reste, on n’hésita pas à le comparer.

Il donna quelques séances aux Tuileries, séances sur lesquelles il a toujours décliné toute conversation, et qui donnèrent lieu aux racontars les plus divers ; la version la plus-vraisemblable est que Napoléon II fit remercier M. Hume, parce que l’Impératrice avait été tellement affectée par ses manifestations que l’Empereur redouta pour elle et son entourage la continuation de ces scènes diaboliques[1].

Après de nombreuses et rapides pérégrinations en Amérique, puis à Paris de nouveau, en Italie et en Belgique, Hume partit pour Saint-Pétersbourg, accompagné d’Alexandre Dumas, qui devait servir de parrain à son mariage. Il y épousa, le 1er  août 1858, une jeune dame russe, fille du général russe comte de Kroll et filleule de l’empereur Nicolas, avec qui il « s’était fiancé chez une comtesse italienne. La jeune épouse du magicien ne pouvait manquer d’être initiée à la mission et au grand art de son mari ; cette initiation eut lieu peu de temps après leur mariage, et de la manière suivante, selon le récit de Hume lui-même :

« Une nuit, pendant que ma femme dormait profondément, je vis l’esprit de ma mère entrer dans ma chambre, suivi d’un autre esprit que je reconnus, quoique je ne l’eusse jamais vu sur la terre, pour être celui de mon beau-père. J’étais enchanté que ma femme dormît, car elle était à l’abri de la frayeur que cette vision lui aurait donnée ; aussi, quelle fut ma surprise, en l’entendant tout à coup me dire : « Daniel, il y a quelqu’un dans la chambre avec nous… C’est votre mère, et près d’elle se tient mon père. Elle est très belle et je n’ai pas peur. » Ses actions pourtant démentirent ses paroles, car elle se tourna de mon côté, en tremblant violemment. Les esprits alors disparurent, et de très forts frappements s’entendirent çà et là dans la chambre ; nous adressâmes quelques questions auxquelles on répondit. Ce fut l’initiation de ma femme aux faits du spiritualisme. »

Pendant le peu de temps qui lui restait à vivre, Mme  Hume s’associa de plein cœur aux doctrines et aux pratiques de son mari. « Elle était, dit Mme  Howitt, autre spiritualiste décidée, une ferme croyante dans le spiritua-

  1. Au chapitre des Vocates Procédants, j’ai rapporté un épisode de spiritisme aux Tuileries, à l’époque de la vogue de Hume.