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mains invisibles la ramenèrent et la placèrent près de la table. M. Hume remarqua que tout ceci dépassait ce qu’il avait vu jusqu’alors dans ses précédentes expériences, et il proposa de « voir ce qu’on pourrait, » en transportant la guitare dans le coin le plus éloigné de la chambre.

« Nous lui fîmes observer que ce serait inutile, les esprits étant sans pouvoir à cette distance de lui ; mais, dès qu’il eut repris sa place, les esprits recommencèrent à jouer de l’instrument à cet éloignement extrême, distant d’environ onze pieds du cercle ou du médium.

« Puis, la guitare quitta de nouveau sa place et se dirigea vers le cercle ; mais, rencontrant sur son chemin une lourde chaise en acajou, l’instrument fut étendu par terre et la chaise tirée à quelques pieds sur le côté ; après quoi, la guitare fut relevée et portée tout autour du cercle par les invisibles, puis enfin placée dans le coin opposé.

« Un moment après, je la vis se balancer dans l’air, et s’élever encore presque au-dessus de ma tête… La forme indistincte d’une main humaine se dessinait, tenant l’instrument un peu au-dessous du centre.

« Me dressant tout à coup, je saisis la guitare de mes deux mains fermes et la tins au-dessus de ma tête, demandant alors que celui qui en avait tiré des sons voulût bien en jouer encore. Immédiatement, les cordes frémirent, comme sous une pression de doigts humains, quoique invisibles, et l’instrument résonna de nouveau aussi harmonieusement, au milieu de l’air, qu’il l’avait fait naguère sur le parquet… »

En quittant l’Amérique (31 mars 1855), Hume se dirigea du côté de l’Angleterre. Le bruit de sa présence s’y répandit bientôt, et, avant un mois, il eut plus d’invitations qu’il n’en pouvait satisfaire. Sa maison, à Ealing, fut assiégée par une foule incessante de curieux, qui la plupart se convertirent au spiritisme, si bien que le pasteur d’Ealing, homme clairvoyant en cette circonstance, crut de son devoir de prêcher publiquement contre lui, en déclarant que ces manifestations étaient l’œuvre du démon.

Il faut entendre avec quel satanique orgueil Hume accueille cette accusation, qu’elle vienne de l’Eglise catholique ou d’une communion protestante, et se pose décidément en apôtre inspiré d’une doctrine appelée à abolir toute foi chrétienne sur la terre.

« La position prise par la plupart des membres du clergé est pour moi une manifestation extraordinaire, dit-il ; car, certainement, ces phénomènes, la cause dût-elle en remonter à Dieu ou au diable, ont, dans l’espace de dix années, amené plus de conversions aux grandes vérités de l’immortalité et de la communion des anges, avec les conséquences qui en découlent (on verra plus loin quelles sont ces conséquences), que toutes les sectes de la chrétienté n’en ont fait pendant la même période.

« En vérité, pendant que les églises perdent leurs adhérents, la foi dans