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organisation excessivement nerveuse, à laquelle du reste il est loin d’attribuer en quoi que ce soit les effets extraordinaires qui se produisent par son intermédiaire. Loin d’affaiblir sa constitution délicate, la production de ces phénomènes, accompagnés cependant de crises simulant le somnambulisme, vraies extases démoniaques où il perd connaissance, ne fait que soutenir ses forces et alimenter la source de sa vie.

« Fréquemment, dit-il, durant les plus graves accès de maladie, mes souffrances ont été soudainement calmées d’une façon mystérieuse, et bien des fois, lorsqu’il m’eût été impossible de me remuer dans le lit, dans la crainte d’augmenter mon hémorrhagie de poumon, ma tête a été doucement soulevée et mon oreiller arrangé par des mains invisibles. Ce fait s’est produit en présence de plusieurs témoins. »

Une autre preuve de l’objectivité ou de la réalité extérieure de l’agent surnaturel qui opère en lui, indépendamment de lui, c’est qu’à certains moments ses facultés médianimiques l’abandonnent sans cause apparente, comme nous le verrons plus loin.

Ces facultés ne se bornent pas chez lui, comme chez certains autres médiums, à faire tourner ou parler des tables ; il a tous les dons extraordinaires de seconde vue, accordés par Satan aux plus grands sorciers d’autrefois. Au début même de son apostolat, il opère en ce genre des merveilles.

« J’étais à Lébanon, dans la famille d’un vieux résident, lorsque m’apparut un esprit qui se nommait « l’Oncle Tilden. » Je demandai à une dame, qui faisait partie de la famille, si elle reconnaissait ce nom ; mais avant qu’elle pût me répondre, l’esprit me fit signe qu’il ne voulait pas que cette dame dît son nom, et ajouta qu’il viendrait me voir un autre jour, où il serait plus maître de moi. Au bout de quelque temps il revint, pendant que j’étais en extase, et me dit que certains papiers cherchés pendant nombre d’années par sa famille et abandonnés comme introuvables étaient dans une maison dont il dépeignit la situation près de Cleveland, dans l’état d’Ohio. Lesdits papiers étaient des titres à la propriété d’un terrain dont la valeur s’était accrue en raison de projets de construction, et dont un tiers revenait à une dame ; mais, en raison de la perte desdits titres, celle-ci avait été frustrée de ses droits et vivait en conséquence dans une situation fort humble. Il décrivit minutieusement par mon intermédiaire la partie de la mansarde et la forme de la boîte où ils étaient renfermés. On écrivit au fils de la dame tous ces détails, les recherches furent faites et les actes trouvés au lieu indiqué. »

Il ne faut pas perdre de vue, pas plus qu’il ne le perd lui-même au milieu de la succession de ces prodiges, le but qu’il poursuit de concert avec son inspirateur et son maître : la religion spirite, qu’il s’agit d’implanter dans les esprits.