Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se plait à se transformer en ange de lumière, cette métamorphose étant pour lui le meilleur moyen de séduire les âmes ; il serait difficile d’en citer un exemple plus frappant que celui de Hume. D’autre part, une circonstance fort remarquable n’aura pas échappé au lecteur de ce récit : la désinvolture avec laquelle le démon se joue de tous les exorcismes tentés contre lui par des ministres appartenant à d’autres Églises qu’à celle du Christ, comme s’il leur disait : « Il n’a été donné de chasser les démons qu’aux véritables disciples de Jésus ; vous n’êtes, en vous érigeant en expulseurs du diable, que leurs copistes impuissants ; je me moque de votre Bible et de vos anathèmes : ce jeune homme m’appartient en dépit de vos colères et de vos exorcismes ; je ferai de lui l’un des principaux dépositaires de ma puissance, l’un des plus triomphants apôtres de la nouvelle religion que je prétends établir parmi les hommes. »

Satan trouvait dans son jeune disciple un auxiliaire puissant pour l’exécution de son dessein ; l’orgueil dont il parle lui-même, si profondément blessé par les humiliations qu’on lui fait subir, et l’ambition d’exhiber sur un théâtre public les diaboliques facultés (divines selon lui) dont il vient de faire, en intérieur privé, une si merveilleuse expérience.

Au bout de huit jours, les manifestations qui s’opèrent par sa médianimité, à Norwich et dans une ville voisine, sont déjà connues, grâce à la presse, dans les États-Unis : « Finalement, dit Hume, je me voyais embarqué, sans un acte de ma propre volition, bien plus, contre ma volonté même, sur l’océan orageux d’une existence publique. À partir de ce jour, je ne m’appartins plus… Hommes et femmes de toutes classes et de tous pays, médecins et savants, ministres de toutes sectes, artistes et hommes de lettres, tous ont avidement cherché les preuves de cette question brûlante, c’est-à-dire la possibilité de causes spirituelles agissant directement sur le monde matériel. »

Quant à lui, il n’est que l’instrument passif de cette puissance surnaturelle qui agit en lui, le véhicule inconscient du magicien qui opère ses prodiges ; on ne saurait le reconnaitre et le déclarer plus nettement qu’il ne le fait lui-même :

« Je n’ai rien à dire sur l’occurrence des manifestations extraordinaires dont je fus l’objet ; ainsi qu’on l’a vu, elles s’imposèrent à moi avec cette escorte d’incidents désagréables et pénibles que j’ai décrits. Je n’ai, et n’ai jamais eu le moindre contrôle sur elles, et il m’est tout aussi impossible de faire qu’elles soient ou non, qu’il m’est impossible d’en augmenter ou diminuer la fréquence. Quelles que soient les lois particulières qui les ont développées en ma personne, j’en suis ignorant comme tout le monde. Quand elles se produisent, je n’ai conscience ni du mobile qui les crée, ni de la forme qu’elles vont revêtir. »

Le seul caractère personnel particulier que Hume signale en lui, c’est une