Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il est mort il y a trois jours aujourd’hui et à la présente heure. » Le fait se vérifia trois jours plus tard, à l’arrivée d’une lettre annonçant qu’après quelques heures de maladie, Edwin avait succombé à une dyssenterie maligne. »

En 1850, Hume eut une semblable vision qui lui annonça la mort de sa mère, laquelle habitait à Waterford, à douze milles de lui.

Si de tels récits étaient écrits de la main d’un saint Augustin où d’un saint Jérôme, nous n’hésiterions pas à voir dans ce merveilleux un effet des puissances célestes mues par la volonté de Dieu ; on a vu plus d’une fois, en effet, les pactes stipulés entre vivants pour s’apparaître mutuellement après la mort, mis en pratique par de très saints personnages. Saint Thomas, examinant cette question, laisse sur ce sujet une grande latitude aux opinions : s’il condamne ces pactes quand ils procèdent du doute ou d’une simple curiosité, il les accepte comme légitimes s’ils proviennent d’une véritable piété et d’une foi religieuse en l’autre vie. Mais tel n’est pas le cas de notre magicien. Sa vie tout entière prouve surabondamment qu’il n’a jamais eu d’autre mobile, dans ce qu’il appelle sa carrière surnaturelle, que le désir de se faire un nom et de substituer les rêveries du spiritisme aux dogmes de l’Église sur l’autre vie. Toutes les fois qu’il parle de Dieu, comme l’auteur et la source de la puissance magique qu’il s’attribue, nous savons quel dieu il faut entendre : c’est le dieu des gnostiques, de Simon le magicien et de Cagliostro.

Il est bon de nous rappeler à ce sujet la règle formulée par Benoit XIV :

« On doit rejeter comme suspectes toutes les apparitions révélatrices qui renferment quelque chose d’inutile, de curieux, d’insolite et de nouveau. » À plus forte raison celles qui tendent ouvertement à la destruction de la foi et de la doctrine du Christ.

Quelques mois après la mort de sa mère, au moment même où il était question des phénomènes singuliers qui se produisaient à Rochester, dans la famille Fox, Hume fut favorisé des mêmes manifestations des esprits frappeurs, manifestations qui le sacrèrent médium et lui révélèrent décidément sa vocation. Comme ces manifestations furent le point de départ de sa vie surnaturelle et comme la prise de possession de son âme par le seul agent capable de les produire, c’est-à-dire Satan, il est important de s’y arrêter un instant, et d’en écouter le récit détaillé de sa propre bouche.

« J’entendis, un soir, en me couchant, trois forts coups à la tête de mon lit, pareils à ceux qu’on eût produits avec un marteau. Ma première idée fut que quelqu’un s’était caché dans ma chambre dans le but de m’effrayer. Le bruit venant à se renouveler, et cette fois de façon à résonner dans mon oreille, je crus immédiatement que ce devait être quelque chose de surnaturel.

« Après quelques minutes de silence, je les entendis de nouveau ; ce fut tout, quoique je ne dormisse pas de la nuit.