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Si, parmi les médiums de toute espèce qui pullulent dans les deux mondes, — médiums à effets physiques et à effets intellectuels, médiums extatiques et somnambules, médiums typtologues, médiums guérisseurs, médiums écrivains, médiums peintres ou musiciens, médiums à matérialisation, médiums à baisers (baisers très palpables que les esprits déposent sur les lèvres), médiums à sueur de métal ou de diamants, médiums factotums, etc., — si, dis-je, parmi cette infinie variété de médiums, il s’en trouve un certain nombre de l’étoffe de miss Cook ou de cette Kate Fox, dont il a été question à propos de la naissance du spiritisme en Amérique, on pourrait en citer un grand nombre d’autres dont la puissance diabolique n’est pas jouée, et qui portent véritablement en eux le signe irrécusable de Satan.

Dans la patrie même de miss Cook, on ne doit pas hésiter à classer dans cette dernière catégorie plusieurs femmes dont la médianimité réelle est incontestable et n’a jamais été contestée :

— Une lady Sandhurst, une voyante de première force, qui a le don singulier de se dédoubler à volonté, bien mieux, de pouvoir émettre cinq ou six doubles d’elle-même, et de plus la faculté, à l’aide des esprits avec lesquels elle est familière, d’être informée sur le champ de tout ce qui peut arriver en bien ou en mal à ses amis, quelque éloignés qu’ils soient.

— Une mistress Davies, de Norwood, prédestinée dès sa plus tendre enfance à être l’instrument conscient ou inconscient (je ne sais) de l’intervention diabolique. Elle a laissé quelques notes d’autobiographie, dont je détache le passage suivant :

« J’avais huit ans, quand je fis ma première expérience. Pendant que ma grand’mère était mourante, de onze heures du soir à deux heures du matin, de vigoureux coups furent frappés sous mon lit. Quand ils cessèrent, ma grand’mère était morte.

« Huit ans après, à l’âge de seize ans, un matin, comme on m’apportait mon déjeuner dans mon lit, je fus subitement frappée de l’apparition d’un enfant étrange qui sauta sur mon lit ; il semblait avoir de cinq à six ans. Debout entre mes pieds, il souriait et me dit : « Voici le point décisif de votre vie. » C’était un bel enfant ; mais je sentais en moi une répugnance extrême et une haine instinctive pour lui. Je m’assis sur mon lit et priai Dieu de me débarrasser de cette vision. Mais l’enfant riait toujours et me défait. Sa figure, quoique belle, prit une expression vraiment démoniaque, et il riait de plus en plus fort à mesure que je prononçais le nom du Christ.

Enfin, je criai de toutes mes forces : « Au nom du Dieu tout-puissant, va-t-en ! » et immédiatement il s’évanouit.

Miss Davies ne persévéra pas dans ces bonnes dispositions ; peu de temps après, elle s’affiliait avec sa sœur et ses frères à une « Société Spiritualiste » de Birmingham, donna des séances suivies dans sa propre maison, et devint un véritable médium diabolique.