Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il fallut bien que cette comédie finît ; miss Cook était à bout de forces et de médianimité.

« Lorsque le moment de nous dire adieu, raconte M. Crookes, fut arrivé pour Katie, je lui demandai la faveur d’être le dernier à la voir. En conséquence, quand elle eut appelé à elle chaque personne de la société et qu’elle leur eût dit quelques mots en particulier (d’après un autre témoin oculaire, elle donna à chacun un petit bouquet entouré d’un ruban bleu), elle donna des instructions générales pour notre direction future et la protection à donner à miss Cook…

« Ayant terminé ses instructions, Katie m’engagea à entrer dans le cabinet avec elle, et me permit d’y demeurer jusqu’à la fin.

« Après avoir fermé le rideau, elle causa avec moi pendant quelque temps, puis elle traversa la chambre pour aller à miss Cook qui gisait inanimée sur le plancher. Se penchant sur elle, Katie la toucha et lui dit : « Éveillez-vous, Florence, éveillez-vous ! Il faut que je vous quitte maintenant ! »

« Miss Cook s’éveilla, et, tout en larmes, elle supplia Katie de rester quelque temps encore. « Ma chère, je ne le puis pas ; ma mission est accomplie. Que Dieu vous bénisse ! » répondit Katie, et elle continua à parler à miss Cook.

« Pendant quelques minutes, elles causèrent ensemble, jusqu’à ce qu’enfin les larmes de miss Cook l’empêchèrent de parler.

« Suivant les instructions de Katie, je m’élançai pour soutenir miss Cook, qui allait tomber sur le plancher et qui sanglotait convulsivement. Je regardai autour de moi, mais Katie et sa robe blanche avaient disparu. Dès que miss Cook fut assez calmée, on apporta une lumière et je la conduisis hors du cabinet. »

Je ne sais si M. Crookes fut fidèle à l’injonction que lui fit Katie de continuer à protéger son médium ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’après avoir perdu son prestige par la divulgation de cette incroyable supercherie, miss Cook se retira des affaires et disparut comme son fantôme.

Si tous les prodiges opérés par le spiritisme des Vocates Procédants ressemblaient à celui-là, le spiritisme serait bientôt jugé, malgré toutes les attestations d’authenticité que pourraient leur donner les hommes de science et les corps savants eux-mêmes. Mais malheureusement, ainsi que je l’ai déjà prouvé, et de l’aveu même des magiciens opérateurs, « il y a autre chose ! » Il y a des médiums autrement sérieux que miss Cook ; il y a des médiums véritable ; dont les prodiges attestés par des milliers de témoins, dans les circonstances les plus variées et sous le contrôle des précautions les plus sévères, prouvent avec la dernière évidence qu’ils ne peuvent être, ainsi que le reconnaît le F∴ Constant, que les agents de « Celui qu’on adorait, dans les rites secrets du sabbat ou du temple, sous la figure du Baphomet ou du bouc androgyne de Mendès. »