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Tel est l’homme dont la renommée se perpétua longtemps encore chez les païens, et que les magiciens modernes ont toutes les raisons du monde de reconnaître comme un de leurs maîtres et modèles. Quant aux chrétiens, ils feront bien de s’en tenir à ce jugement du grand saint Athanase : « Jusqu’à aujourd’hui, dit-il (question XXII), on sacrifie à Apollonius, on lui adresse des vœux soit contre les animaux nuisibles, soit contre les inondations et tous les périls qui menacent la société. Par lui, les démons ont fait toutes ces merveilles, non seulement pendant sa vie, mais encore après sa mort ; demeurant à ses autels, ils ont continué de les faire en son nom, pour mieux séduire et fasciner ceux qu’ils veulent attirer. »

Enfin, il est bon de rappeler encore en quelle grande vénération les palladistes tiennent Apollonius de Tyane : c’est un de leurs patriarches, un de leurs saints ; sa statue est dans plusieurs Parfaits Triangles ; il est invoqué fréquemment par les Mages Élus, qui se placent sous son patronage.

Plus loin, j’aurai à raconter, dans ce chapitre, l’émouvante apparition faite sous sa forme par un diable, à la suite d’une évocation du F∴ Constant.

C’est aussi de l’alphabet secret dit des Mages, attribué à Apollonius de Tyane, que tous les occultistes, des diverses écoles, se servent ; c’est par la valeur des lettres de cet alphabet que les Ré-Théurgistes Optimates interprètent les mystères du Livre Apadno, et le nom même que, d’ores et déjà, les lucifériens donnent à l’Ante-Christ, dont ils annoncent la venue pour le 29 septembre 1995, est : Apollonius Zabah, nom dont le total des lettres donne exactement le nombre mystique 666.


Après Apollonius de Tyane, il est un autre sataniste de haute importance dont il est nécessaire de parler, et qui est, lui aussi, fréquemment invoqué et évoqué dans les triangles.

Malgré tous les efforts du démon pour contrebalancer par les miracles de ses adeptes ceux des apôtres et de leurs successeurs, le Christianisme marchait à pas de géant à la conquête du monde ; le vieil empire romain, dans la personne de Constantin, s’inclinait devant la croix, et il semblait que c’en fût bien fini pour toujours du vieux levain de paganisme que Satan avait réussi à entretenir jusque-là parmi les rhéteurs et les beaux esprits de la décadence.

L’enfer cependant ne se résignait pas à abandonner la partie ; déjà il avait en vain déchaîné contre l’Église cette tourbe impure de lucifériens déguisés, connus sous le nom de Gnostiques, et qui, tour à tour, s’abattaient dans la risée et le mépris sous les anathèmes des disciples du Christ. Le règne de Satan semblait toucher à sa fin. Aux grands maux les grands remèdes, et une tentative désespérée fut essayée par l’enfer, pour ressusciter en face de l’Église triomphante, le cadavre du paganisme qui tombait en putréfaction.

Il trouva pour cette œuvre l’homme le mieux fait pour la faire réussir, si elle avait été viable : Julien l’Apostat.