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autre jour, à Tarse, celle de Télèphe le Mysien, dans le corps d’un enfant mordu par un chien enragé.

Il y a lieu de citer encore la fameuse descente d’Apollonius dans l’antre de Trophonius, un des oracles les plus mystérieux de la Grèce.

« Apollonius, dit Philostrate, s’en alla en Arcadie ; tous ses admirateurs s’attachèrent à ses pas. Il y a dans le sol, près de Lébadée, une ouverture consacrée à Trophonius, fils d’Apollon ; elle ne s’ouvre qu’à ceux qui y pénètrent pour consulter l’oracle. Elle ne se voit pas dans le temple, mais un peu plus haut sur la colline ; elle est fermée par une barrière en fer. Pour y descendre, on s’assied auprès de l’ouverture, et l’on est comme tiré en bas. Ceux qui y pénètrent sont habillés de blanc ; ils tiennent à la main des gâteaux de miel pour apaiser les serpents qui gardent l’entrée. La terre les rend à la lumière les uns tout près de l’ouverture, les autres fort loin ; ils se trouvent transportés, les uns au-delà de la Locride et de la Phocide, les autres, et les plus nombreux, sur les frontières de la Béotie.

« Étant donc entré dans le temple, Apollonius dit : « Je désire descendre dans l’antre de Trophonius pour consulter l’oracle. » Les prêtres s’y opposèrent ; ils dirent au peuple qu’il ne fallait pas permettre à un magicien de pénétrer les mystères de Trophonius. Le jour-là, Apollonius parla philosophie près de la fontaine Mercyna. Quand le soir fut venu, il se présenta à l’ouverture de l’antre avec les jeunes gens qui le suivaient, enleva quatre des barreaux qui en fermaient l’entrée, et s’enfonça sous terre avec son manteau. Cette résolution fut si agréable à Trophonius, qu’il apparut lui-même aux prêtres pour leur reprocher d’avoir traité Apollonius comme ils l’avaient fait, et leur ordonna de se rendre à Aulès, leur annonçant qu’il sortirait de l’antre en cet endroit d’une manière plus merveilleuse qu’il n’était arrivé à aucun homme. Apollonius sortit de dessous terre le septième jour, après avoir séjourné bien plus longtemps que n’ont coutume de le faire les autres hommes. Il tenait en main un livre contenant les préceptes de Pythagore. Ce livre est déposé à Antium, où il est l’objet d’une grande curiosité.

La mort d’Apollonius, arrivée à l’âge de quatre-vingt-dix ans, selon d’autres de plus de cent ans, appartient à la légende. Les uns le font mourir à Éphèse, d’autres à Crète. Selon les Crétois, Apollonius entra dans le temple de Dictynne (ville de l’ile de Rhodes) dont les richesses sont gardées par des chiens féroces ; ces chiens, au lieu d’aboyer à son approche, vinrent le caresser. Les gardiens du temple, cependant, arrêtèrent Apollonius comme magicien et comme voleur et le chargèrent de chaînes. Apollonius se dégagea pendant la nuit, et, appelant les gardiens pour qu’ils n’en ignorassent, il courut aux portes du temple qui s’ouvrirent, et qui, aussitôt qu’il les eut franchies, se refermèrent. On entendit alors des voix de jeunes filles qui chantaient : « Quittez la terre ; allez au ciel ! »